Gavi à la 79e Assemblée générale des Nations Unies : tenir la promesse d'un avenir en meilleure santé
Dans un monde confronté aux conflits, au changement climatique et à l’insécurité, l’Assemblée générale des Nations Unies de cette année représente un moment crucial pour que les pays s’unissent autour d’un nouveau pacte visant à bâtir un avenir plus sain.
- 20 septembre 2024
- 6 min de lecture
- par Pascal Barollier
La 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies a débuté la semaine dernière avec des réflexions préoccupantes sur l’état actuel du monde. Le chaos provoqué par la crise climatique entraîne des niveaux accrus de famine, de pauvreté, de déplacements de population et contribue à l'augmentation des épidémies de maladies infectieuses.
La résistance aux antimicrobiens (RAM) rend désormais les infections autrefois faciles à traiter de plus en plus dangereuses. Dans ce contexte, les populations les plus vulnérables du monde sont confrontées à de multiples conflits et crises humanitaires.
Dans un monde profondément interconnecté, il est clair que les menaces mondiales ne se limitent pas aux frontières d’une seule nation ; elles transcendent les frontières géographiques et politiques, touchant des communautés partout sur la planète. Cela souligne l’urgence pour les pays de coopérer, de partager leurs ressources et de mettre en place des stratégies communes.
Pourtant, même en pleine pandémie de COVID-19, alors que la coopération internationale était plus essentielle que jamais, nous avons assisté à une montée du nationalisme sanitaire, avec des pays qui accumulaient données, fournitures médicales et vaccins, au détriment des nations les plus démunies.
Il a fallu 20 ans à Gavi pour aider les pays à vacciner un milliard d’enfants. Atteindre le deuxième milliard, en deux fois moins de temps, nécessitera un engagement fort de la part de l'ensemble des acteurs qui forment l’Alliance du vaccin.
79e Assemblée générale des Nations Unies : messages de haut niveau de Gavi
Protéger les générations futures
L’Assemblée générale de cette année est pensée pour éviter une fragmentation mondiale et lutter contre le nationalisme sanitaire, tout en améliorant de manière radicale la coopération internationale. Le Sommet du Futur, qui se tiendra les 22 et 23 septembre, se présente comme un moment de « réinitialisation » de la coopération mondiale, en posant aux pays la question de savoir s’ils veulent « s'effondrer ou réussir ». On s'attend à la conclusion d’un ambitieux « Pacte du Futur », destiné à accélérer l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD).
La vaccination a toujours été essentielle pour atteindre les ODD, car elle protège les jeunes générations, garantes de l'avenir du monde. Les maladies infantiles mettent des millions d’enfants en danger de mort durant leurs premières années de vie.
Les progrès mondiaux en matière de vaccination sont notables depuis le début du millénaire. Un enfant né dans un pays bénéficiant du soutien de Gavi a aujourd’hui 70 % de risques en moins de mourir d'une maladie évitable par un vaccin avant son cinquième anniversaire, par rapport à 2000, quand l'Alliance du vaccin a été créée. Cependant, 14,5 millions d’enfants n’ont toujours reçu aucune dose de vaccin en 2023, et beaucoup d’autres restent sous-vaccinés.
Bien que de nombreux pays fassent de gros efforts pour rattraper les vaccinations manquées pendant la pandémie, il est urgent d’intensifier les initiatives pour réduire de moitié, d’ici 2030, le nombre d’enfants n’ayant reçu aucun vaccin – dits « zéro dose » –, notamment via le « Grand Rattrapage ».
Outre les vaccins de routine qui sauvent des vies, nous devons à présent étendre la vaccination contre le paludisme dans les pays endémiques, dans le cadre de plans globaux de lutte contre la maladie, ce qui permettrait de sauver des dizaines de milliers de vies chaque année. De même, la généralisation de la vaccination contre le VPH, en priorisant les filles âgées de 9 à 14 ans, pourrait sauver des millions de femmes du cancer du col de l’utérus.
Prévenir les infections incurables
Cette année, l’Assemblée générale des Nations Unies accueillera sa deuxième Réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens (RAM), qui cherchera à intensifier la mobilisation face à cette menace. Si elle n’est pas contrôlée, la RAM pourrait gravement compromettre notre capacité à traiter des infections courantes.
La première réunion, en 2016, avait déjà tiré la sonnette d’alarme, mais la lenteur de la coopération entre pays et agences de santé n’a pas permis de réaliser suffisamment de progrès. Aujourd’hui, la RAM est déjà liée à cinq millions de décès par an.
Il n’est toutefois pas trop tard, car nous disposons d’un outil majeur pour lutter contre la RAM : les vaccins. En empêchant les infections et, dans certains cas, la transmission de certains pathogènes, les vaccins peuvent réduire le recours aux antimicrobiens pour traiter les infections, et ainsi limiter les possibilités d’évolution des agents pathogènes.
L’utilisation des vaccins pour lutter contre la RAM est une opportunité encore largement sous-exploitée. Une analyse de 108 plans nationaux de lutte contre la RAM a révélé que seulement 13 % (soit 14 plans d’action) intégraient la vaccination comme moyen de prévention et de réduction de la RAM.
Les pays doivent inclure leurs programmes de vaccination dans les plans nationaux de lutte contre la RAM et s'assurer qu’ils s’alignent sur les stratégies nationales de vaccination pour maximiser les bénéfices. Ils doivent également accroître leurs investissements dans la vaccination pour renforcer l’efficacité des stratégies contre la RAM.
Renforcer la résilience face au changement climatique
Les populations vivant dans des pays ou des communautés à faible revenu sont souvent en première ligne des crises mondiales, car elles manquent de moyens pour se protéger, et cela vaut aussi pour le changement climatique.
De nombreux pays soutenus par Gavi sont particulièrement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les inondations ou les sécheresses, qui peuvent entraîner des déplacements de populations, la malnutrition et la propagation de maladies infectieuses. Il est donc impératif de les protéger en priorité.
En intégrant des mesures de santé publique dans les Plans Nationaux d’Adaptation (PNA), les pays peuvent s’assurer que les politiques climatiques et sanitaires sont adaptées aux spécificités locales et au contexte épidémiologique.
De même, renforcer la surveillance des maladies sensibles au climat (comme le paludisme, la diarrhée, la fièvre jaune, le choléra, la méningite A, la dengue ou encore le chikungunya) et en évaluer les vulnérabilités permettra aux pays d’intensifier la prévention et de mettre en place des programmes de vaccination adaptés.
Enfin, la mise en place de systèmes de santé durables, à faible émission de carbone et résilients face au changement climatique pourrait bouleverser les choses pour tous les pays. De plus en plus d’études montrent que la transition vers des systèmes de santé durables, notamment en matière de chaînes d'approvisionnement et d’achats, permet de réaliser des économies tout en améliorant les résultats en matière de santé, sans oublier les bénéfices pour l’environnement.
Répondre collectivement
Nous vivons dans un monde plus interconnecté que jamais, où les événements dans un pays peuvent rapidement affecter les autres. Le changement climatique, les épidémies et la RAM ne connaissent pas de frontières.
La collaboration entre pays permettrait une meilleure surveillance, une détection précoce des épidémies, ainsi qu’un partage de savoirs, d'expériences et de technologies essentielles. Elle contribuerait également à renforcer la résilience mondiale face aux menaces futures.
Pour aller plus loin
Ce n’est pas une question d’altruisme ou de bienveillance, mais bien de prendre conscience que nous partageons la même planète.
Nous savons que l’avenir nous observe et que le temps presse pour que la communauté internationale agisse face aux défis existentiels qui pèsent sur tous les pays, et plus particulièrement sur les populations vulnérables.
Si nous voulons passer à des actions concrètes, c’est le moment de soutenir la reconstitution des fonds de Gavi et d'aider les pays à intensifier l’impact des vaccins salvateurs, pour sauver environ 8 à 9 millions de vies entre 2026 et 2030.
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Notez la date dans votre calendrier et rejoignez Gavi et nos partenaires aux événements suivants #UNGA79 :
Dimanche 22 septembre
- 12e petit-déjeuner annuel de responsabilisation à l'Assemblée générale des Nations Unies (8h30-10h30) organisé par le Partenariat pour la santé maternelle, néonatale et infantile
- Garantir un accès durable à des antibiotiques efficaces (16h00-18h00) organisé par One Health Trust
Lundi 23 septembre
- Assurer l'avenir avec les professionnels de la santé communautaire : un investissement intemporel dans la santé pour tous (07h30-08h45) organisé par la Community Health Impact Coalition
- Dialogue de haut niveau sur les solutions éprouvées pour les enfants (10h00-12h00) organisé par l'UNICEF
Mardi 24 septembre
- Équité en santé pour tous (11h00-12h15) organisé par Clinton Global Initiative (CGI)
- Renforcer la résilience du personnel de santé : se préparer aux crises climatiques et sanitaires de demain (12h30-13h30) organisé par IntraHealth
Mercredi 25 septembre
- « Le rôle de la vaccination dans l’adaptation au changement climatique » (13h00-14h00) organisé par Foreign Policy
- Mobilisation pour une approche centrée sur les personnes en matière d’adaptation au changement climatique, de préparation aux pandémies et de sauvetage de vies (19h30-21h00) organisé par Seed Global Health
Jeudi 26 septembre
- Réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la résistance aux antimicrobiens 2024
- Faire avancer l'Agenda de Lusaka : Optimiser les partenariats pour parvenir à la CSU (16h30-18h00) organisée par la Fondation des Nations Unies
Vendredi 27 septembre
- Convergence de l'IA et de la santé pour tous (08h00-09h30) organisé par le Forum économique mondial
Samedi 28 septembre
- Festival Global Citizen (15h00-20h00) organisé par Global Citizen
Si vous avez des questions concernant l’engagement de Gavi à l’Assemblée générale des Nations Unies 79, veuillez contacter : Thiago Luchesi