Au Congo, mobilisation générale contre la poliomyélite

Le Congo a récemment mené une campagne de vaccination du 9 au 11 juin 2023 dans le but de protéger les enfants de 0 à 5 ans contre la poliomyélite, suite à la découverte récente d'un cas dans le sud du pays. Malgré quelques résistances persistantes, la population a largement soutenu la campagne.

  • 23 juin 2023
  • 4 min de lecture
  • par Jean David Mihamle
Une campagne de vaccination contre la polio a eu lieu en juin au Congo. Crédit : Jean David Mihamle
Une campagne de vaccination contre la polio a eu lieu en juin au Congo. Crédit : Jean David Mihamle
 

 

Depuis la déclaration d'un cas de poliomyélite sauvage en mars dans le département de la Bouenza, situé au sud du Congo, le pays est mobilisé pour endiguer la maladie. Dans le département voisin de Pointe-Noire, l'enthousiasme était palpable. Une semaine avant le début de la vaccination, des réunions de préparation ont eu lieu d'abord à la préfecture, puis dans les sept communes de la ville, et enfin dans les quartiers.

Obora Itoba, chef du service des actions sanitaires à la délégation départementale de la santé de Pointe-Noire, a déclaré : "Les autorités administratives et sanitaires ont mis en place un dispositif efficace dans le département."

L'objectif était de vacciner autant d'enfants que possible, âgés de 0 à 5 ans, en alignant les objectifs sur ceux fixés au niveau national. Le ministre Gilbert Mokoki, responsable de la santé et de la population, a révélé que cette opération visait à vacciner un million d'enfants et à rattraper ceux qui n'avaient pas été vaccinés précédemment. Obora Itoba a expliqué : "En plus de renforcer l'immunité des enfants vaccinés, il s'agit également de rattraper les enfants non vaccinés."

Les équipes de vaccination ont décidé de prolonger la campagne afin de vacciner les enfants dont les parents étaient indécis ou réfractaires.

La sensibilisation de la population s'est faite à travers des spots publicitaires diffusés à la radio et à la télévision, des publications en ligne, des SMS et des affiches dans les centres de santé.

La veille du lancement effectif de la campagne, le 8 juin 2023, environ une centaine d'agents ont été déployés dans les sept districts de santé de la ville pour repérer le terrain et identifier les zones difficiles d'accès, afin de garantir le bon déroulement de la campagne.

Dans le district 5 de santé de Mongo Pokou, plus précisément dans le village de pêcheurs de Songolo, considéré comme une zone difficile d'accès, le processus s'est déroulé sans difficulté majeure. Un membre de l'équipe d'identification a déclaré : "Nous avons d'abord identifié le lieu de travail et le nombre exact d'enfants à vacciner. Demain, ce sera plus facile pour nous."

Une jeune mère emmène son enfant se faire vacciner contre la polio.
Crédit : Jean David Mihamle

Le premier jour de la campagne, le 9 juin 2023, les équipes ont adopté une approche plus sobre. Contrairement aux campagnes précédentes, aucun crieur public n'a été dépêché dans le village de pêcheurs de Songolo ni dans d'autres localités du district 5 de santé de Mongo Pokou, telles que la raffinerie ou Siafoumou.

Une équipe chargée de la vaccination s'est rendue au domicile de la famille Tanty et a administré des gouttes de vaccin à trois enfants en seulement 5 minutes. Toutefois, des cas de résistance ont été enregistrés à la fin d'une journée intense.

Certains parents, comme Komlan (nom d'emprunt), ont exprimé leur opposition à la campagne de vaccination. Komlan a expliqué avoir vécu une mauvaise expérience des effets secondaires d'un vaccin administré à son premier fils et a exprimé des doutes sur les vaccins provenant des pays occidentaux. Des cas similaires ont été enregistrés ailleurs, avec environ cinquante cas de refus à Siafoumou, selon Obora Etoba. Les raisons invoquées par les réfractaires sont principalement d'ordre religieux et liées à des théories de complot concernant le vaccin contre la COVID-19, entre autres.

Jean Pierre Mouanda, chef du quartier 106 de la base aérienne de Pointe-Noire, a qualifié ces résistances de "déplorables" au 21e siècle. Il a mentionné le cas d'un jeune homme de son quartier qui souffre des conséquences de l'opposition de ses parents à la vaccination contre la poliomyélite et se déplace aujourd'hui avec des béquilles.

Face à ces cas de refus, les équipes de vaccination ont décidé de prolonger la campagne afin de vacciner les enfants dont les parents étaient indécis ou réfractaires. La campagne, initialement prévue pour une durée de trois jours, s'est donc étendue jusqu'au 12 juin.

Le Dr Bilili de la clinique Mont Sinaï a souligné : "Nous ne pouvons pas baisser les bras." Il a également mentionné que des séances de vaccination de routine gratuites sont organisées deux fois par semaine, les lundis et vendredis, tout au long de l'année.

Une fois cette première phase évaluée, les autorités congolaises fixeront une date pour le deuxième passage de la campagne de vaccination contre la poliomyélite, destinée aux enfants de 0 à 5 ans.