Pour vaincre le choléra, vaccination et hygiène vont de pair

Plus de 800.000 cas suspects de choléra et 150 décès ont été notifiés dans 12 provinces de la République Démocratique du Congo. La courbe épidémique de 2022 connait une tendance à la hausse le mois de juin. C’est dans la province du Sankuru que la flambée est la plus aigüe. Sur le terrain, les équipes du programme national de l’élimination du choléra et leurs partenaires ont été déployées pour renforcer la réponse à cette épidémie.

  • 27 septembre 2022
  • 4 min de lecture
  • par Patrick Kahondwa
Campagne pour le vaccin oral contre le choléra à Goma, en RDC, avec le soutien de l'OMS et de Gavi. Crédit : WHO/Eugene KABAMBI
Campagne pour le vaccin oral contre le choléra à Goma, en RDC, avec le soutien de l'OMS et de Gavi. Crédit : WHO/Eugene KABAMBI
 

 

Située dans la partie occidentale de la RDC, la province du Sankuru a notifié la montée des cas suspects à partir de mi-août : 580 cas, 38 décès soit une létalité de 7,3% dans trois zones de santé. Une situation qui inquiète Aimé Alenga, médecin chef de division provinciale de la santé.

« Dans la zone de santé de Lusambu, nous avions notifié 62 cas avec 18 décès, soit une létalité de 20%. Ça nous avait tiqué. Nous avons essayé de prélever six échantillons expédiés à l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) avec l’appui financier de l’OMS. L’INRB confirmait quatre échantillons positifs ».

Dans cette province, la rivière Sankuru dessert en eau les populations des zones de santé de Mpanya Mutombo, Lusambu et Bena Dibele. Cette eau est utilisée pour boire, se laver, pour la cuisine et pour les toilettes. C’est ce qui justifie cette flambée des cas, selon Dr Aimé Alenga.

Il parle du renforcement du volet wash (eau, hygiène et assainissement) comme moyen pour lutter contre cette épidémie.

« En 2018, la même zone de santé de Lusambu avait connu une épidémie de choléra. Nous avons vacciné la population. On a connu une accalmie de quatre ans ; c’est en 2022 que l’épidémie est réapparue. ».

« On sait bien qu’avec le choléra, c’est le volet wash qui est important. On mobilise plus de ressources parce que la province du Sankuru a une population faiblement desservie en eau potable. Il y a la rivière Sankuru qui sert à toutes les activités des ménages. On a essayé de renforcer le volet wash en installant des points de chloration avec l’appui de l’Unicef et de Médecins d’Afrique ».

Dr Nanou Yanga est le point focal de la vaccination contre le choléra au sein du programme élargi de vaccination. Elle souligne également l’importance du volet wash dans la lutte contre le choléra, mais pas que : « tout simplement parce que dans le cas de lutte contre le choléra, la vaccination est complémentaire aux autres aspects ».

Riposter par la surveillance et la communication

Cette montée des cas de choléra a poussé les autorités sanitaires à renforcer les mesures de surveillance de l’épidémie.

« Nous avons un plan de riposte, nous avons mis en place des stratégies. On a renforcé la surveillance à base communautaire et la surveillance dans les structures de santé, on a briefé nos équipes sur la définition des cas et sur le protocole de prise en charge, on a installé les centres de traitement de choléra dans deux zones de santé. On a aussi contacté nos partenaires traditionnels qui sont venus à la rescousse de la province en apportant des intrants de prise en charge » explique Dr Aimé Alenga.

Au-delà de la surveillance, des activités de communication sont mises en œuvre par la division de la santé pour amener la population à adopter un comportement responsable. Cette communication passe par la mobilisation des médias, des leaders religieux et des leaders communautaires.

Journaliste à la radio communautaire Osase dans le Sankuru, Benjamin Wemambolo sensibilise la population tous les jours dans ses émissions sur les bonnes pratiques pour lutter contre le choléra.

« Il est important que la population comprenne que le danger est là. Le choléra tue beaucoup de personnes dans notre province. Les autorités sanitaires nous recommandent de nous laver les mains et de purifier l’eau à boire. Dans notre radio nous sensibilisons la population sur toutes ces pratiques ».

Besoin de vaccins

« En 2018, la même zone de santé de Lusambu avait connu une épidémie de choléra. Nous avons vacciné la population. On a connu une accalmie de quatre ans ; c’est en 2022 que l’épidémie est réapparue. C’est pour ça que nous avons demandé qu’on puisse vacciner en attendant que d’autres approches efficaces arrivent pour qu’il y ait accalmie dans les trois zones de santé », fait savoir Dr Alenga.

Quant à la réaction aux épidémies, Dr Nanou affirme que dans la plupart de cas, le temps est long entre la demande et l’approvisionnement en vaccins. Mais la bonne nouvelle, selon elle, est qu’il y a désormais dans le pays un bras opérationnel de la Global Task Force on Cholera Control (GTFCC) qui permettra de pré-positionner les vaccins pour qu’en cas de riposte, la durée entre la commande des vaccins, l’approvisionnement et la mise en œuvre soit écourtée.

Suivez l'auteur sur Twitter : @PatrickKahondwa