Les vaccins à ARNm pourraient-ils protéger contre le VIH ?
Moderna a commencé l’essai d’un vaccin expérimental contre le VIH basé sur la même technologie que celle qui sous-tend son vaccin contre la COVID-19.
- 16 septembre 2022
- 3 min de lecture
- par Linda Geddes
S’étant avéré que les vaccins à base d'ARN messager (ARNm) constituent une arme vitale contre la COVID-19, un essai de phase I a été lancé pour savoir si ce type de vaccin pourrait également protéger contre le VIH.
Avant la pandémie, la société américaine de biotechnologie Moderna avait mis au point un vaccin à ARNm contre le VIH, mais avec l’émergence de la COVID-19, elle avait réorienté ses efforts vers l’élaboration d'un vaccin contre le SARS-CoV-2.
Le 27 janvier 2022, Moderna a annoncé que les premières doses de son vaccin expérimental contre le VIH venaient d’être administrées à des volontaires dans le cadre d'un essai de phase I visant à tester la sécurité et l'efficacité de cette approche.
Le vaccin de Moderna, connu sous le nom de mRNA-1644, cible un sous-type particulier de cellules productrices d'anticorps à large spectre (ou "anticorps largement neutralisants") capables de neutraliser un grand nombre de variants du VIH.
Une technologie prometteuse
Malgré des décennies de recherche, les scientifiques ont du mal à mettre au point un vaccin efficace contre le VIH. La plupart des vaccins apprennent aux cellules immunitaires à produire des anticorps capables de prévenir ou d’éliminer rapidement les infections, mais le VIH mute rapidement, ce qui lui permet d’échapper à ces défenses. Pour être efficaces, les vaccins doivent déclencher une forte réponse immunitaire dès le départ, pour neutraliser le virus avant qu’il ne puisse se diversifier et échapper à l’immunité induite par la vaccination. Comme il existe en outre plusieurs sous-types de VIH au sein des populations et des différentes régions géographiques, il faudrait un vaccin ‘‘universel’’, capable d’induire une protection contre toutes les souches. Idéalement, il devrait également activer les lymphocytes T - cellules immunitaires qui reconnaissent et détruisent les cellules infectées - car si le VIH parvient à infecter des cellules, il peut s'y cacher pendant des années.
Pour aller plus loin
Les vaccins à ARNm sont intéressants car ils ont démontré leur capacité à produire tout de suite des réponses immunitaires très fortes. Leur fabrication est facile et rapide. Ils peuvent contenir des instructions pour la production simultanée de plusieurs protéines, ce qui pourrait aider à surmonter le problème de l'échappement immunitaire à mesure de l’apparition de nouveaux variants. Enfin, comme elles sont produites par les propres cellules du sujet vacciné, puis affichées à leur surface, ces protéines sont également susceptibles d’induire une réponse des lymphocytes T.
Preuve du concept
Le vaccin de Moderna, connu sous le nom mRNA-1644, cible un sous-type particulier de cellules productrices d'anticorps à large spectre (ou "anticorps largement neutralisants") capables de neutraliser un grand nombre de variants du VIH. Pour cela, on incorpore dans le vaccin plusieurs ARNm différents, qui commandent la fabrication, par les cellules du sujet vacciné, de divers composants du virus qui vont ensuite s'assembler sous forme de particules sphériques capables d’activer les cellules immunitaires sans risque de provoquer une infection par le VIH.
En collaboration avec l'Initiative internationale pour un vaccin contre le sida (IAVI), Moderna prévoit de tester le vaccin chez 56 volontaires adultes séronégatifs et en bonne santé, sur quatre sites aux États-Unis : 48 recevront une ou deux doses du vaccin mRNA-1644, et 32 une dose supplémentaire de vaccin de rappel (mRNA-1644v2-Core) contenant des antigènes différents. Les participants seront suivis pendant six mois après la dernière injection, afin de détecter d'éventuels effets secondaires, et leurs réponses immunitaires seront analysées pour vérifier si elles correspondent bien à ce qui est attendu.