En RDC, mieux informer pour lutter contre la variole du singe

L’épidémie de variole du singe (monkeypox) touche plusieurs provinces de la République Démocratique du Congo. Depuis le début de l’année 2022, plus de 1200 cas et 58 décès ont été répertoriés dans près de dix provinces du pays. Parmi les provinces touchées, il y a celle du Maniema où près de 186 cas et dix décès ont été enregistrés dans les zones de santé de Tunda, Kibombo et Kindu.

  • 5 juillet 2022
  • 3 min de lecture
  • par Patrick Kahondwa
Scientifique mettant un échantillon dans un flacon pour une analyse ADN.
Scientifique mettant un échantillon dans un flacon pour une analyse ADN.
 

 

Eloignement et manque de moyens

Dr Okitengema Onoyo Stany est membre du bureau de communication de la division provinciale de la santé au Maniema. Il affirme que plusieurs défis ont rendu difficile la prise en charge des malades au début de l’épidémie.

« Certaines zones de santé n’avaient pas de kits pour la prise en charge des malades. Actuellement, grâce à l’accompagnement de l’Organisation mondiale de la santé, la zone de santé de Tunda dispose déjà de kits, mais cela n’est pas le cas pour la zone de santé de Kibombo où il y a les cas actifs en ce moment ».

Dr Stany et son équipe, sont parfois obligés de parcourir de grandes distances pour aller à la rencontre des malades.

Actuellement, le pays ne dispose pas encore des traitements spécifiques ni des vaccins pour soigner cette maladie.

« Nous même avec les partenaires de l’OMS, vu l’état de nos routes, nous avons des véhicules qui n’arrivent pas à atteindre certaines zones de santé. Il faut parfois y aller à pied. »

Prévention

Malgré ces difficultés, le gouvernement a renforcé la surveillance active des cas, pour faire face à l’augmentation. Certaines zones de santé qui auparavant ne rapportaient pas de cas ont été touchées, explique le Professeur Docteur Mbala Placide, chef du département d’épidémiologie à l’Institut national de recherche biomédicale.


« Notre ministère de la santé a pris des mesures de manière à intensifier la surveillance de cette maladie pour permettre que le diagnostic se fasse rapidement, cela pour renforcer les capacités de diagnostic et aussi mettre en place des essais cliniques pour évaluer l’efficacité des traitements spécifiques et des vaccins qui sont utilisés ailleurs ».

Dr Placide reconnait qu’actuellement, le pays ne dispose pas encore des traitements spécifiques ni des vaccins pour soigner cette maladie.

Enfant présentant des signes de la variole du singe dans la zone de santé de Kibombo. Crédit : Patrick Kahondwa
Enfant présentant des signes de la variole du singe dans la zone de santé de Kibombo.
Crédit : Patrick Kahondwa

« La prise en charge est essentiellement symptomatique, mais on associe également des antibiotiques qui ont quand même fait leurs preuves pour prévenir les surinfections bactériennes. Habituellement dans notre milieu, on préconise qu’un membre de la famille déjà vacciné contre la variole soit désigné pour pouvoir prendre en charge le proche qui est contaminé. On sait que la vaccination contre la variole protège à plus de 85% contre le monkeypox, et donc ces personnes ont très peu de chance de pouvoir contracter la maladie », affirme-t-il.

Sensibiliser pour protéger la population

« Il est important de vulgariser les informations sur cette maladie pour que la population sache comment la reconnaitre. Dès qu’un cas est suspecté, notre population doit alerter le personnel de santé le plus proche, de manière à ce que très rapidement la zone de santé puisse aider à faire un prélèvement et envoyer au laboratoire pour la confirmation », fait savoir Dr Placide.

En attentant les résultats des analyses au laboratoire, les proches de la personne soupçonnée d’être malade doivent rester à distance jusqu’à l’obtention des résultats des analyses, explique cet expert en épidémiologie.

La variole du singe est une maladie contagieuse, mais elle l’est moins que la variole qui a été éradiquée vers la fin des années 70 et que la varicelle ou encore la rougeole. Elle se transmet par contact direct ainsi que par des gouttelettes de salive lorsqu’on entre en contact proche avec une personne infectée.