Au Congo, la lutte contre le Mpox passe par la sensibilisation

Le Congo fait face à une nouvelle vague de variole du singe, une maladie zoonotique qui peut se transmettre de l'animal à l'homme et d'une personne à une autre. Cette résurgence, après l'épidémie de 2017, met en danger la santé publique et nécessite une action urgente. Le gouvernement congolais, en collaboration avec les organisations de santé internationales, met en œuvre une stratégie de lutte contre le Mpox basée sur trois piliers : la sensibilisation, la surveillance et la vaccination.

  • 17 juin 2024
  • 6 min de lecture
  • par Brice Kinhou
Face au risque que pose Mpox, la population a été sensibilisée et évite la viande de brousse, populaire sur les marchés de Pointe-Noire. Crédit : Brice Kinhou
Face au risque que pose Mpox, la population a été sensibilisée et évite la viande de brousse, populaire sur les marchés de Pointe-Noire. Crédit : Brice Kinhou
 

 

Sensibilisation accrue : informer et responsabiliser la population

L'épidémie de Mpox en cours en République du Congo a mis en lumière le rôle crucial de la sensibilisation dans la lutte contre la propagation de la maladie. Un exemple frappant de l'impact de cette sensibilisation est le cas de Franck Ngapa, vendeur de viande de brousse au marché OUI du quartier OCH de Pointe-Noire.

Avant la campagne de sensibilisation, Franck Ngapa vendait une large gamme d'animaux sauvages, y compris des chauves-souris, des rats géants et des singes, tous susceptibles de porter le virus Mpox. Cependant, suite aux efforts de sensibilisation menés par les autorités locales et les organisations de santé, Franck a constaté un changement radical dans les habitudes d'achat de ses clients.

« Les clients n’achètent plus certains animaux, donc si tu achètes les pangolins, les rats et autres, tu gaspilles ton argent. Si on t’attrape avec un singe vivant ou mort, c’est la prison direct », explique-t-il.

Face à cette baisse de la demande, Franck Ngapa a été contraint d'adapter son offre. Il ne vend désormais plus que de la viande d'animaux provenant d'espèces considérées comme moins à risque, tels que les gazelles, les antilopes, les phacochères et les boas.

« C’est la même chose dans les autres marchés de Tysthère, Makayabou, Mayaka, Mpita, Fond Tié-Tié et autres. C’est compliqué. Les gens aiment beaucoup la viande de porc-épic, les rats géants, mais depuis un moment, on n’en vend plus. »

Franck Ngapa vendait une large gamme d'animaux sauvages, y compris des chauves-souris, des rats géants et des singes, tous susceptibles de porter le virus Mpox. Cependant, suite aux efforts de sensibilisation menés par les autorités locales et les organisations de santé, Franck a constaté un changement radical dans les habitudes d'achat de ses clients.

Le virus Monkeypox se trouve principalement chez les animaux sauvages, notamment les rongeurs et les primates, qui sont souvent chassés et consommés comme viande de brousse dans certaines régions d'Afrique. La manipulation, l'abattage et la consommation de ces animaux peuvent exposer les humains au virus, entraînant des infections.

La Direction Départementale des Soins et Services de Santé de Pointe-Noire (DDSSS), représentée par la Dre Victoire Kipampoudi Matondo, affirme que l’institution a accentué depuis quelques mois la communication avec la population à travers les médias et des réunions communautaires. Elle a déclaré : « Nous avons travaillé avec le ministère de l’Élevage. Nous avons mis en place des supports de communication traduits en langues Lingala et en Kituba afin que la population puisse connaître la maladie, savoir comment l’éviter et ce qu’il faut faire en cas de cas suspect. »

Surveillance renforcée : détecter précocement et circonscrire l'épidémie

À en croire les autorités, même si l’épidémie n’a jusqu’à présent pas causé de décès, la surveillance épidémiologique a été renforcée non seulement dans le département de la Cuvette, qui a enregistré le plus grand nombre de cas, mais aussi dans les 11 autres départements du pays. Des mesures sont également mises en place pour la prise en charge immédiate des personnes atteintes de Mpox, signalé pour la première fois au Congo-Brazzaville en 2003.

Le département de Pointe-Noire, cette ville à statut particulier qui n’a enregistré qu’un seul cas de la variole du singe, ne fait pas exception. À l’hôpital général Adolphe Sicé, comme dans les autres hôpitaux de référence de la ville, la sensibilisation et la formation du personnel médical pour la Prévention contre les infections (PCI) sont déjà effectives. Les agents de santé connaissent la pathologie et le circuit du patient pour une prise en charge efficace. Ce dispositif a permis de détecter le seul cas positif au Mpox à Pointe-Noire depuis le début de l'année.

La mère du garçon testé positif à la variole du singe en février 2024 a témoigné sous anonymat : « Quand on m’a annoncé que mon fils avait la variole du singe et que c’est une maladie dangereuse, j’ai vraiment eu peur. Mais avec les soins, ça s’est bien passé. C’est vrai que ça n’a pas été facile. Parfois, mon enfant n’arrivait pas à dormir à cause de la fièvre, des douleurs et des plaies sur la peau. Les médecins étaient tout le temps là pour le traitement de la maladie et pour surveiller son évolution. Je remercie le bon Dieu que mon fils soit guéri et a même déjà repris le chemin de l’école. »

Selon le Dr Mankou Michel, médecin chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Adolphe Sicé, le Mpox est une maladie qui présente des similitudes avec la variole humaine, bien que certaines différences soient notables. Il explique : « Au début, la maladie se manifeste par de la fièvre, comme toute infection, ainsi que des courbatures. Entre le troisième et le cinquième jour, une éruption cutanée apparaît. Elle commence par de petites taches sur la peau, principalement sur le visage, qui évoluent en vésicules ressemblant à de petits sacs d'eau. Ces vésicules forment ensuite des croûtes. Tout ce processus se déroule sur environ 21 jours. »

« Au début, la maladie se manifeste par de la fièvre, comme toute infection, ainsi que des courbatures. Entre le troisième et le cinquième jour, une éruption cutanée apparaît. Elle commence par de petites taches sur la peau, principalement sur le visage, qui évoluent en vésicules ressemblant à de petits sacs d'eau. Ces vésicules forment ensuite des croûtes. Tout ce processus se déroule sur environ 21 jours. »

– Dr Mankou Michel, médecin chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Adolphe Sicé

Généralement, pendant les épidémies, le personnel médical est toujours exposé, mais pour l’heure, les services de santé ne semblent pas encore être fortement impactés par la variole du singe, probablement en raison de la lenteur de sa propagation. Le Dr Mankou Michel, infectiologue, encourage les agents de santé à ne pas craindre cette pathologie, contrairement à la COVID-19, où le taux d’infection était très élevé.

Néanmoins, pour éviter une propagation du Mpox, qui n’a pas encore causé de décès en République du Congo, le médecin-chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Adolphe Sicé appelle chacun à respecter les mesures barrières telles que le port du masque, le lavage des mains et le respect d’une distance d’au moins un mètre.

Pour la Directrice Départementale des Soins et Services de Santé de Pointe-Noire, Dr Victoire Kipampoudi Matondo, la situation est actuellement sous contrôle et la surveillance épidémiologique reste très active. Elle encourage cependant la population, ainsi que les relais communautaires, les centres de santé, les districts sanitaires et les hôpitaux de référence à maintenir leur vigilance.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé le Mpox comme urgence mondiale depuis 2022. De plus, il est désormais connu pour être transmissible par voie sexuelle, un développement récent qui pourrait compliquer le contrôle de l’épidémie, selon les scientifiques africains. Cette situation devrait inciter les autorités congolaises à envisager des campagnes de vaccination à grande échelle pour prévenir la propagation continue de la maladie.

Monsieur Buyini Ernest confirme que l’on peut encore se faire vacciner dans les centres de santé de la ville de Malakal et conseille à ceux qui ne l’ont pas encore fait de s’y rendre sans tarder.