Burundi : Une campagne de vaccination difficile à cause d’une pénurie du carburant

Le Burundi fait face à une grave pénurie de carburant et des coupures d'électricité fréquentes, paralysant tous les aspects de la vie quotidienne. Cette crise a des répercussions particulièrement lourdes sur le secteur de la santé, notamment sur la récente campagne de vaccination contre la rougeole.

  • 16 juillet 2024
  • 4 min de lecture
  • par Diane Ndonse
Le Centre de Santé diocésain de Kinama lors de la campagne de vaccination contre la rougeole. Crédit : Diane Ndonse
Le Centre de Santé diocésain de Kinama lors de la campagne de vaccination contre la rougeole. Crédit : Diane Ndonse
 

À Rubirizi, une petite localité de la province de Bujumbura, Henriette Mutoni a dû se rendre au centre de vaccination à quatre reprises, avec ses deux enfants, à l’occasion de la campagne nationale de vaccination contre la rougeole, menée entre le 13 et le 19 juin 2024, couplée à la supplémentation en vitamine A et au déparasitage à l’albendazole.

La combinaison de la vaccination contre la rougeole, de la supplémentation en vitamine A et du déparasitage est une approche intégrée visant à améliorer la santé globale des enfants. La vitamine A est cruciale pour le bon fonctionnement du système immunitaire et peut réduire le risque de complications sévères liées à la rougeole. Le déparasitage à l'albendazole traite les infections par les vers intestinaux, qui sont fréquentes chez les enfants et peuvent entraîner des problèmes de croissance et de développement.

La campagne de vaccination de juin visait à atteindre plus de deux millions d'enfants âgés de 6 à 59 mois dans 49 districts sanitaires. Mais la pénurie de carburant et les coupures d'électricité ont prolongé la campagne de deux jours, jusqu'au 19 juin.

Henriette raconte : « Je me suis rendue à deux reprises au centre de vaccination, mais les stocks étaient épuisés. Le troisième jour, la file d'attente était impressionnante et les vaccins manquaient encore. Nous avons dû revenir le lendemain. »

Comme de nombreux parents, elles font face à une crise de carburant qui paralyse le pays, rendant difficile l'accès aux soins de santé essentiels.

Dr Jean Claude Bizimana, Directeur du Programme Élargi de Vaccination.
Crédit : Diane Ndonse

Le Burundi traverse une grave pénurie de carburant et des coupures d'électricité fréquentes. Cette crise touche tous les aspects de la vie quotidienne, mais elle a des répercussions particulièrement lourdes sur le secteur de la santé. La campagne de vaccination de juin visait à atteindre plus de deux millions d'enfants âgés de 6 à 59 mois dans 49 districts sanitaires. Mais la pénurie de carburant et les coupures d'électricité ont prolongé la campagne de deux jours, jusqu'au 19 juin.

« Nous avons demandé une dérogation spéciale pour que les stations-service priorisent les activités liées à la campagne de vaccination, » explique le Dr Jean Claude Bizimana, Directeur du Programme Élargi de Vaccination (PEV). Cependant, malgré ces efforts, certaines zones manquaient de carburant, forçant les superviseurs à se déplacer à moto ou à pied.

Problèmes de réfrigération

Cette crise de carburant et d'électricité révèle la dépendance critique des initiatives de santé publique sur une infrastructure fiable. Le manque de carburant affecte non seulement les transports, mais aussi la production d'électricité. La santé publique, particulièrement en période de campagne de vaccination, repose sur la disponibilité constante de ces ressources.

Les coupures d'électricité posent un défi majeur : maintenir la chaîne du froid nécessaire pour la conservation des vaccins. Une interruption de la chaîne du froid peut rendre les vaccins inefficaces, compromettant ainsi la campagne de vaccination.

Belthe Ngendakumana, agent de santé communautaire à Tenga, explique : « Le quatrième jour, nous avons observé une rupture de stock des vaccins vers 13h à cause des problèmes de réfrigération. Cela a été un calvaire pour certains parents. »

Belthe Ngendakumana, agent de santé communautaire à Tenga.
Crédit : Diane Ndonse

« Le PEV dispose d'un générateur pour pallier les coupures d'électricité, et les centres de santé ruraux utilisent des frigos solaires, » précise Dr Bizimana. Malgré ces mesures, des interruptions ont été signalées, menaçant la viabilité des vaccins.

Les agents de santé, souvent non rémunérés, ont dû supporter des coûts de transport plus élevés. « Je paye maintenant 3000 Fbu pour un trajet qui coûtait 1000 Fbu, » se plaint Belthe Ngendakumana. Ces coûts additionnels aggravent les conditions de travail déjà difficiles des agents communautaires.

Au Burundi, cette campagne de vaccination est une illustration claire de la manière dont les crises interconnectées peuvent paralyser des initiatives vitales. En dépit des défis, les responsables du PEV se disent satisfaits des résultats provisoires, ayant atteint plus de 90% de leur cible.


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