Cinq façons dont les vaccins peuvent nous protéger face au changement climatique
Le réchauffement climatique représente une menace sans précédent pour notre santé, mais les vaccins peuvent jouer un rôle crucial pour nous protéger.
- 28 novembre 2024
- 5 min de lecture
- par Priya Joi

Le changement climatique est la crise majeure de notre époque. Avec une multiplication par cinq des catastrophes climatiques depuis 1970, il est évident que chaque être humain est à risque. Toutefois, comme pour toute crise mondiale, ce sont les populations les plus vulnérables, disposant de moins de ressources, qui subissent les impacts les plus graves.
Dans les pays à faibles et moyens revenus, ceux qui n’ont déjà pas accès à des soins de santé de qualité, à un logement sûr, à une alimentation équilibrée ou à de l’eau potable sont les plus exposés. Un seul événement météorologique extrême peut suffire à priver ces populations de leurs services de santé précaires ou de leurs moyens de subsistance. Parallèlement, les phénomènes climatiques extrêmes liés au réchauffement augmentent considérablement le risque de maladies infectieuses évitables par la vaccination, telles que le paludisme, la fièvre jaune et le choléra.
Face à ces défis, la vaccination contre les maladies graves peut renforcer de manière décisive la résilience des communautés. Voici cinq façons dont les vaccins peuvent aider à atténuer les conséquences du changement climatique sur la santé :
1. Protection contre les maladies exacerbées par le réchauffement climatique
Une étude publiée en 2022 dans Nature Climate Change, l’une des analyses les plus complètes à ce jour, a révélé des données alarmantes : sur 375 maladies infectieuses examinées, 218 (soit 58 %) ont été aggravées par le changement climatique.
Le réchauffement des températures et les bouleversements climatiques élargissent les zones d’habitat des moustiques et d’autres insectes vecteurs de maladies, comme le paludisme, la dengue, le chikungunya ou la leishmaniose, exposant davantage de populations à ces dangers. Par exemple, les moustiques transmettant le paludisme et la dengue atteignent aujourd’hui des altitudes plus élevées qu’auparavant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’une personne sur deux dans le monde est désormais à risque de contracter la dengue.
En parallèle, les inondations, sécheresses et tempêtes, qui deviennent plus fréquentes et intenses en raison du changement climatique, contaminent souvent les réserves d’eau, augmentant le risque de maladies hydriques comme le choléra, la typhoïde, la poliomyélite et le rotavirus. Les vaccins contre ces maladies jouent un rôle crucial en empêchant des épidémies souvent déclenchées par ces événements extrêmes, notamment dans les régions où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement reste limité.
L’alliance Gavi soutient les pays dans leur lutte contre les effets sanitaires du changement climatique en leur fournissant des vaccins essentiels. Ceux-ci protègent contre sept maladies qui se propagent rapidement dans ce contexte : la dengue, la méningite A, l’encéphalite japonaise, la fièvre jaune, le choléra, le paludisme et la typhoïde.
2. Réduction des vulnérabilités de santé des populations déplacées
Les catastrophes climatiques, comme les sécheresses ou l’élévation du niveau de la mer, forcent des millions de personnes à fuir leur lieu de vie. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), au cours de la dernière décennie, les catastrophes liées au climat ont causé le déplacement interne de 220 millions de personnes, soit une moyenne de 60 000 personnes par jour.
Souvent, ces populations déplacées subissent aussi des conflits violents. Aujourd’hui, 60 millions de personnes déplacées vivent dans des régions affectées à la fois par des conflits armés et des aléas climatiques graves, notamment en Éthiopie, Haïti, Myanmar, Somalie, Soudan et Syrie.
Logées dans des camps surpeuplés aux conditions sanitaires précaires et avec un accès limité aux soins de santé, ces populations sont particulièrement vulnérables aux maladies infectieuses. Pire encore, ces zones sont souvent en première ligne pour le prochain désastre climatique. Selon le HCR, d’ici 2050, les camps de réfugiés devraient connaître deux fois plus de jours de chaleur dangereuse.
Les campagnes de vaccination dans ces environnements, notamment contre la rougeole et la pneumonie, sont cruciales pour protéger ces populations à risque. Ces vaccins limitent la propagation rapide des maladies dans des conditions de vie souvent insalubres.
3. Protection contre la menace accrue des maladies zoonotiques
Le changement climatique, en détruisant les habitats naturels d’animaux porteurs de maladies comme les chauves-souris, pousse ces espèces à se rapprocher des zones habitées par les humains. Par ailleurs, la perte de biodiversité due au réchauffement climatique force ces animaux à chercher de la nourriture dans les environnements humains, augmentant les risques de transmission de maladies zoonotiques (transmises de l’animal à l’homme).
Cette situation a intensifié la propagation de maladies telles que les coronavirus (à l’origine de la COVID-19, mais aussi du MERS et du SRAS), Ebola, la fièvre de la vallée du Rift ou encore la fièvre de Lassa. Selon l’OMS, chaque année, un milliard de cas de maladies et des millions de décès sont attribués à des zoonoses. De plus, plus de 30 nouveaux agents pathogènes humains ont été identifiés au cours des 30 dernières années, dont 75 % proviennent d’animaux.
Les progrès récents dans le développement de vaccins contre certaines de ces maladies zoonotiques ont été déterminants, compte tenu de leur potentiel épidémique voire pandémique. Comme l’a montré la pandémie de COVID-19, il est impératif non seulement de continuer à produire ces vaccins, mais également de garantir une distribution équitable à l’échelle mondiale, afin de protéger les populations les plus vulnérables.
4. Renforcer la résilience face aux chocs économiques
Selon un rapport du Forum économique mondial publié en janvier 2024, le changement climatique pourrait entraîner d’ici 2050 non seulement 14,5 millions de décès supplémentaires, mais également des pertes économiques mondiales estimées à 12,5 billions de dollars.
Les populations les plus exposées aux effets du réchauffement climatique sont également les plus vulnérables aux chocs économiques qu’il provoque, comme la perte de moyens de subsistance. En protégeant les individus contre les maladies infectieuses qui peuvent entraîner des pertes de revenus et des dépenses médicales importantes, les vaccins jouent un rôle clé pour maintenir les communautés en bonne santé et économiquement actives.
Une baisse des revenus peut aggraver l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Ces facteurs affaiblissent le système immunitaire des individus, les rendant plus vulnérables aux maladies infectieuses. Les vaccins, en prévenant ces maladies, permettent de briser ce cercle vicieux et de renforcer la résilience des populations.
Pour aller plus loin
5. Alléger la pression sur les systèmes de santé
Les programmes de vaccination sont une pierre angulaire de la résilience des systèmes de santé. En prévenant les épidémies, les vaccins diminuent la pression exercée sur ces systèmes, leur permettant de mieux répondre à d'autres crises sanitaires liées au climat.
Par exemple, les programmes de vaccination systématique assurent que les communautés restent en meilleure santé et mieux préparées à affronter les effets cumulés des chocs climatiques. Cela réduit également la pression sur les systèmes de santé lors des situations d’urgence, leur permettant ainsi de concentrer leurs efforts sur les personnes ayant le plus besoin de soins.
Dans les contextes d’urgence, les vaccins permettent aussi de préserver les ressources pour les populations qui en ont le plus besoin. Une étude publiée en octobre 2024 par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe a montré que, dans six pays d’Europe de l’Est, les vaccins ont permis d’éviter plus de la moitié des hospitalisations liées à la COVID-19 et plus de la moitié des conséquences graves, y compris les décès.