Le succès du Bangladesh dans la lutte contre la COVID-19

Une riposte rapide, une campagne de vaccination précoce, une bonne gestion de la campagne et une participation massive ont permis au Bangladesh de vacciner plus de 70 % de sa population contre la COVID-19.

  • 4 avril 2023
  • 5 min de lecture
  • par Pantho Rahaman
Depuis la capitale jusqu’au fin fond des zones rurales, tous les Bangladais ont participé à la campagne de vaccination. Crédit photo : Pantho Rahaman
Depuis la capitale jusqu’au fin fond des zones rurales, tous les Bangladais ont participé à la campagne de vaccination. Crédit photo : Pantho Rahaman
 

 

Le premier décès dû à cette maladie est survenu dans le pays à peine dix jours après la détection, le 8 mars 2020, du premier cas de COVID-19 au Bangladesh.

En deux mois, le nombre de personnes infectées a atteint les trois chiffres, et il était difficile de contrôler le taux d'infection en raison de la densité de la population. À l'instar du reste du monde, le gouvernement du Bangladesh a rapidement pris la décision radicale de confiner les villes et a instauré le travail à distance pour la plupart des organismes gouvernementaux, ou financés par le gouvernement et pour les organisations non gouvernementales.

Elle a remercié COVAX d'avoir fourni énormément de vaccins, déclarant que « cela avait sauvé le Bangladesh ».

Dans ce pays en développement où beaucoup gagnent leur vie comme journaliers, la décision du gouvernement d'imposer des confinements successifs a porté un coup dur et entraîné de graves difficultés économiques. Pour tenter d’y remédier, le gouvernement a également mis en place des mesures visant à aider les personnes à faible revenu.

Sur le plan médical, les infrastructures de santé étaient mal préparées et les moyens très limités. Mais le Bangladesh a mis en place des unités dédiées à la COVID-19 dans tous les hôpitaux de proximité et construit des unités de traitement dans des espaces ouverts ou des bâtiments abandonnés.

En outre, les agents de santé, les bénévoles et les simples citoyens se sont tous mobilisés.

La riposte à la COVID-19

Le Bangladesh a agi rapidement dès que les vaccins ont été disponibles. Le gouvernement a adhéré à l'initiative COVAX et signé séparément des accords avec les producteurs de vaccins du monde entier, prenant soin dès le début de maintenir activement la communication avec les pays producteurs de vaccins.

Le ministère de la Santé a lancé le processus d'enregistrement des vaccins en créant un portail national appelé "SURAKKHA" et élaboré un plan de déploiement des vaccins.

La Dre Ayesha Akther, directrice adjointe de l'hôpital antituberculeux du Bangladesh, a joué un rôle clé dans la lutte contre la COVID-19. « Nous avons élaboré un plan de déploiement avec tous les acteurs concernés », explique-t-elle. « Cela n’a pas été facile, parce qu’il n’y avait pas d’entrepôts frigorifiques dans les zones rurales. Pour stocker les vaccins, on a dû parfois avoir recours à des salles climatisées, mais leur nombre était limité ».

Dr Ayesha Akther
La Dre Ayesha Akther a coordonné la campagne de vaccination dans l'un des hôpitaux publics de la ville de Dhaka.

« Nous ne voulions pas que les gens viennent de trop loin pour se faire vacciner, de peur qu'ils ne se découragent » ajoute-t-elle. « Nous voulions être proches d'eux, ce qui n’était pas évident ».

« À un moment donné, nous avons dû faire face à un grand nombre de patients et nous n’étions pas équipés pour gérer la situation. Nous n’étions pas préparés à l'apparition d'un virus aussi virulent, mais nous avons pourtant réussi à le combattre ».

Le Dr ASM Alamgir, éminent virologue et ancien directeur scientifique de l'Institut d’épidémiologie, de recherche et de lutte contre les maladies (IEDCR) du Bangladesh, précise qu’au Bangladesh, la campagne de vaccination a été catalysée par trois grands facteurs : la rapidité de l’approvisionnement en vaccins, la mise en place de campagnes efficaces et la participation massive du public.

Dr ASM Alamgir
Dr ASM Alamgir, éminent virologue bangladais et l'un des principaux responsables de la lutte contre la pandémie de COVID-19.

« Ce succès est dû principalement à la rapidité avec laquelle les décisions ont été prises, et nous devons en remercier la Première ministre Sheikh Hasina et son équipe. Lorsque le premier patient a été identifié dans le pays, notre Première ministre a pris le problème très au sérieux et a demandé aux services concernés de se concerter pour préparer les "protocoles COVID-19" destinés à la population. Elle a accordé beaucoup d’importance à la vaccination et lui a alloué des fonds suffisants dès le début », reconnaît le Dr Alamgir.

Il ajoute qu'en dépit de la forte densité de population, le taux d'infection global a été relativement faible grâce aux mesures de confinement qui avaient été prises.

« Tous les services gouvernementaux concernés ont été impliqués dans la campagne de vaccination, depuis l'administration locale jusqu’au plus haut niveau, depuis le gouvernement jusqu’aux institutions non gouvernementales, aux ONG et organisations internationales. La coopération a été très intense », souligne le Dr Alamgir.

Le gouvernement a également suivi de près l'évolution des variants du SARS-CoV-2, et pris des mesures avant même qu’ils ne puissent engendrer des problèmes importants.

La Dre Akther abonde dans ce sens : « Le gouvernement a fait le maximum malgré le manque de moyens techniques ».

Elle remercie COVAX d'avoir fourni un nombre considérable de doses de vaccins, « ce qui a permis de sauver des vies au Bangladesh ».

Obtenir l'adhésion de la population

« Une autre tâche difficile consistait à inciter la population à se faire vacciner », ajoute le Dr Alamgir. « Il s'agissait d'un nouveau virus et la désinformation, les rumeurs et la confusion régnaient partout. Nous avons dû travailler dur pour convaincre la population de se faire vacciner ».

«Ici, au Bangladesh, la plupart des gens ne connaissent pas le mot "vaccin", mais ils connaissent le terme bengali pour "vaccin", qui est "TIKA". Nous avons donc utilisé le mot TIKA au lieu de vaccin et cela a fonctionné ! »

Au début, un grand nombre de personnes ne sont pas venues se faire vacciner en raison de la désinformation, mais les services de santé ont fini par l'emporter grâce aux campagnes d’information. Ils ont fait paraître des annonces dans les journaux nationaux et locaux, à la radio et à la télévision, et mené des campagnes d’information sur les médias sociaux.

La Dre Akther estime que le fait que les Bangladais soient familiarisés depuis longtemps avec la vaccination a également joué un rôle. « Les Bangladais connaissent bien la vaccination, en particulier les six vaccins essentiels administrés aux enfants dès leur plus jeune âge. Je pense que c'est la raison pour laquelle il n'a pas été très difficile de les convaincre », observe-t-elle.

« Pour convaincre tout le monde, nous avons dû utiliser différentes techniques. Par exemple, ici au Bangladesh, la plupart des gens ne connaissent pas le mot "vaccin", mais ils connaissent le terme bengali pour "vaccin", qui est "TIKA". Nous avons donc utilisé le mot TIKA au lieu de vaccin et cela a fonctionné ! »

« Nous avons bénéficié d'un soutien considérable de la part de la population, notamment des directeurs des madrasas (écoles religieuses) et des responsables des mosquées et des pagodes » ajoute-t-elle.

Le Dr Alamgir de conclure, avec un sentiment de fierté et d'accomplissement : « C’est la population qui a joué le rôle le plus important. L'initiative du gouvernement aurait échoué sans la mobilisation de toute la population. Sa participation massive nous a aidés à faire de ce programme de vaccination une réussite mondiale ».