Pour accélérer la lutte contre la COVID-19, la RDC multiplie les stratégies de vaccination

En République Démocratique du Congo, la campagne de vaccination contre la COVID-19 a été lancée le 19 avril 2021. Une année après, plus de 545.000 personnes ont été immunisées. Malgré un scepticisme encore présent, le Programme Elargi de Vaccination (PEV) ne désarme pas. Diverses stratégies sont mises en oeuvre pour accroitre le taux de vaccination.

  • 26 avril 2022
  • 4 min de lecture
  • par Patrick Kahondwa
Credit: STARRY
Credit: STARRY
 

 

Pour atteindre les personnes non vaccinées, le PEV a recours à deux modes de vaccination : le mode routine et le mode campagne. « En mode routine, il y a des sites de vaccination qui ouvrent chaque jour et continuent à vacciner les gens », explique David Olela, chargé de communication du PEV en RDC.

En mode campagne, trois stratégies sont utilisées. « On intensifie la vaccination avec beaucoup plus d’équipes, on raccourcit la distance entre le site de vaccination et la population. Nous utilisons des stratégies fixes, avancées et aussi des équipes mobiles qui vont sur le terrain pour vacciner la plupart des gens, surtout ceux qui n’ont pas le temps de se déplacer », explique-t-il. « Par exemple il y a des équipes qui peuvent se rendre dans une entreprise pour vacciner le personnel, puis aller vacciner ailleurs, dans des milieux à grande concentration comme dans les marchés. »

Le PEV reconnait qu’au début de la vaccination, la désinformation a atteint de nombreux citoyens.

« La stratégie avancée, c’est par rapport à une distance bien définie. On a le service de vaccination ici mais on peut avancer par exemple à quinze kilomètres. On met le site de vaccination à ces quinze kilomètres et on vaccine les gens là-bas ».

Dans la province du Sud-Kivu, la vaccination en mode campagne est une approche qui a montré ses preuves, estime Joseph Assumani, coordonnateur provincial du PEV. « Quand on a commencé la campagne au mois de février, on était autour de 10.000 personnes qui avaient déjà pris le vaccin. Mais rien que par la campagne, nous avons vacciné au tour de 15.000 personnes pendant deux semaines ».

David Olela pense aussi que ces différentes stratégies portent leurs fruits, avec des résultats concrets, visibles sur le terrain. « Ce sont des résultats encourageants malgré tout ce qu’il reste à faire », reconnait-il. « Une deuxième campagne de vaccination est prévue dans les provinces qui avaient déjà organisé la première phase ».

Le taux de vaccination est faible en République Démocratique du Congo par rapport aux attentes, en particulier à cause de l’hésitation d’une bonne partie de la population à prendre le vaccin. Face à cette situation, le PEV utilise tous les canaux possibles pour changer la tendance. « Ces personnes-là ont besoin d’une très bonne information », affirme David Olela. « Quand ils sont face ces informations de qualité, ils arrivent à changer d’avis. Nous les sensibilisons également, par l’exemple : je me fais vacciner, avant d’échanger avec toi. La personne veut d’abord voir et puis se faire vacciner ».

Pour couvrir l’ensemble du pays et vacciner même les personnes situées dans des zones géographiquement éloignées, au-delà de la campagne de vaccination, le PEV prévoit également une micro-planification à la base où les provinces élaborent leurs besoins en vaccination. C’est sur cette base que la vaccination s’organise. Les défis restent cependant énormes, comme les défis logistiques pour se déployer dans toutes les parties du pays.

Le travail continue : comme ailleurs en Afrique, c’est grâce à la proximité et à l’information fiable, accessible et de qualité que l’on vient à bout des réticences les plus fortes.

Le PEV reconnait qu’au début de la vaccination, la désinformation a atteint de nombreux citoyens. Pour faire face aux rumeurs sur le vaccin, un autre service du Ministère de la santé a été mobilisé : il s’agit de la communication des risques et engagement communautaire (CREC). Ce service récolte les rumeurs sur le vaccin et y apporte des réponses, comme l’explique Marie-Claire Fwelo, sa présidente. « La CREC a une sous-commission qui analyse les différentes rumeurs, pour les identifier tout d’abord, les analyser et chercher comment réagir. Nous avons plusieurs mécanismes pour capter ces rumeurs. Il y a les feedbacks communautaires, nous avons un numéro vert, nous avons un centre d’appel, et des relais communautaires de toutes les provinces qui nous communiquent toutes les rumeurs qui circulent ».

Pour immuniser l’ensemble de la population en RDC, le travail continue : comme ailleurs en Afrique, c’est grâce à la proximité et à l’information fiable, accessible et de qualité que l’on vient à bout des réticences les plus fortes.

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