Cela fait maintenant 70 ans que les scientifiques ont découvert le virus Zika. Depuis lors, des épidémies ont été enregistrées sur trois continents, la plus grande épidémie à ce jour ayant débuté au Brésil en 2014. Début 2016, cette épidémie, qui s’est rapidement propagée à travers les Amériques et en Asie, a été déclarée urgence de santé publique d’envergure mondiale.
En dépit de cela, il n’existe à ce jour aucun vaccin contre le virus Zika. Cela reflète une tendance dans les maladies infectieuses émergentes : étant donné que l’ampleur de ces épidémies est imprévisible, le développement de vaccins contre celles-ci est risqué pour les sociétés pharmaceutiques, car rien ne leur garantit un retour sur investissement. En conséquence, les vaccins essentiels contre des maladies destructives sont souvent fabriqués trop tard, voire pas du tout. Ce problème ne fera que s’aggraver, car le risque d’épidémies majeures est amplifié par les changements climatiques, les migrations massives et l’urbanisation.
Cependant, une nouvelle approche du développement pourrait contribuer à rendre les vaccins contre ces maladies plus viables. Ce mois-ci, une société pharmaceutique a annoncé les résultats prometteurs d’un premier essai sur l’être humain de son vaccin à base d’ADN contre le virus Zika. Tous les volontaires participant à l’étude ont développé des anticorps spécifiques au virus Zika. C’est un pas en avant non seulement dans la mise au point d’un vaccin efficace contre le virus Zika, mais également dans le sens d’une nouvelle approche du développement des vaccins.
Les vaccins traditionnels sont composés d’une forme de virus ou de bactérie morte ou inactivée. Ils sont injectés aux patients dont le corps répond en produisant des anticorps. Si le patient est infecté plus tard, la présence de ces anticorps signifie que son système immunitaire est prêt à combattre l’infection.
Le vaccin à base d’ADN d’Inovio fonctionne différemment. Un fragment d’ADN est construit en laboratoire pour ressembler à une section de l’ADN du virus Zika. Celui-ci est injecté, pénètre dans les cellules du patient et leur demande de fabriquer des protéines virales. Ces protéines déclenchent la production d’anticorps spécifiques au virus Zika.
Cette approche présente de nombreux avantages majeurs par rapport aux vaccins traditionnels. Les vaccins à base d’ADN sont moins chers et plus rapides à fabriquer : les vaccins traditionnels peuvent nécessiter plusieurs années de développement, alors qu’il n’a fallu que sept mois pour développer le vaccin contre le virus Zika, de la conception initiale au début des essais cliniques.
Fondamentalement, dans la production de vaccins contre les maladies virales, ces vaccins sont très faciles à modifier en cas de mutation du virus. Les virus sont connus pour leur rapide taux de mutation – c’est la raison pour laquelle de nouveaux vaccins contre la grippe saisonnière doivent être développés chaque année. Les protéines ciblées par les anticorps peuvent changer si rapidement après une mutation que les anticorps contre la souche grippale de l’année dernière ne peuvent plus fournir aucune protection.
La mutation peut réduire la motivation des sociétés pharmaceutiques à investir dans les vaccins – ce n’est économiquement pas logique d’investir d’énormes sommes d’argent et de ressources dans un vaccin qui ne sera efficace que pendant une courte période.
Les vaccins à ADN, cependant, pourraient essentiellement contourner ce problème. La séquence d’ADN produite en laboratoire peut être modifiée pour tenir compte des mutations survenues et des vaccins contre les souches émergentes pourraient être produits en quelques semaines. Combinée aux coûts de fabrication plus réduits, cette approche pourrait inciter les entreprises à investir dans le développement de vaccins.
Le développement du vaccin à base d’ADN contre le virus Zika est à un stade précoce. Il reste en effet encore beaucoup à faire avant de pouvoir en tester l’efficacité et l’innocuité. Cependant, si les vaccins à base d’ADN s’avéraient efficaces, ils pourraient stimuler les investissements dans les vaccins contre les maladies infectieuses émergentes et permettre une réponse beaucoup plus rapide aux épidémies telles que celle du virus Zika. Cela pourrait s’avérer essentiel étant donné que la menace d’épidémies majeures s’intensifie.