Combattre les épidémies avant qu’elles ne nous atteignent

  • 7 avril 2018
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Cox’s Bazar, à l’est du Bangladesh

Le modèle Gavi en action : une approche holistique 

L’intervention face aux épidémies de choléra et de diphtérie à Cox’s Bazar reflète l’approche holistique de plus en plus adoptée par Gavi, l’Alliance du Vaccin, pour prévenir les maladies infectieuses. Aucune approche d’urgence ne fonctionnera sans un objectif fort et durable de protection de la grande majorité par la vaccination de routine. 

L’épidémie de diphtérie en est un exemple. Compte tenu de la couverture vaccinale élevée du Myanmar, toutes les personnes résidant dans le pays auraient dû être protégées par « l’immunité collective ». Dans ce cas-ci, le surpeuplement du camp n’était pas à blâmer, mais plutôt le fait que les Rohingyas ont été privés de leur droit à la vaccination de base. 

Gavi met en œuvre une série de mesures pour contribuer à la planification et à la prévention des épidémies, et en atténuer les impacts. L’étape la plus importante est de renforcer la vaccination de routine et de mener des campagnes préventives, mais l’Alliance finance également la constitution de réserves de vaccins et leur déploiement en situation d’urgence. 

Pour aggraver les choses, l’urbanisation rapide et les changements environnementaux modifient la géographie de la fièvre jaune. En 2016, une épidémie de fièvre jaune a éclaté de manière inattendue en Angola, en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda. Grâce aux mesures rapidement prises et aux doses de vaccin antiamaril financées par Gavi provenant des réserves mondiales, ces épidémies ont pu être maîtrisées grâce à des campagnes de vaccination d’urgence. Les derniers cas confirmés ont été signalés en juin 2016 en Angola et en août 2016 en RDC. 

Cependant, la propagation imprévisible de la fièvre jaune se poursuit. En 2017, le Brésil a connu sa pire épidémie de fièvre jaune depuis des décennies. Affectant initialement de nombreux États de l’est, y compris des zones où la fièvre jaune n’était pas traditionnellement considérée comme un risque, des cas de fièvre jaune sont réapparus à Rio de Janeiro, dans l’État de Minas Gerais et à São Paulo. Cela augmente les risques de propagation rapide et incontrôlable de la maladie au sein des populations urbaines denses et au-delà. La fièvre jaune a de nouveau frappé des régions densément peuplées du Brésil en 2018, touchant également des zones où la vaccination n’était pas considérée comme nécessaire. 

En août 2017, le Nigéria a détecté 30 cas de fièvre jaune dans les États de Kogi, Kwara, Kano et Zamfara. En l’espace de quelques mois, près de 300 cas suspects avaient été signalés dans 14 États. Gavi a financé l’achat de 6,3 millions de doses de vaccin antiamaril pour contrôler cette épidémie, soit 3,3 millions de doses en 2017 et 3 millions en 2018, les deux fois par le biais du Groupe international de coordination pour l’approvisionnement en vaccins antiamaril. 

Ces épidémies risquent de provoquer un grave épuisement des stocks de vaccin antiamaril. La fièvre jaune étant efficacement contrôlée depuis des décennies, la demande de vaccin était historiquement basse et la production limitée. Au cours de l’épidémie de 2016 en RDC, l’OMS a dû recourir à un dosage fractionné du vaccin, administrant seulement un cinquième de la dose habituelle aux gens, afin d’atténuer les risques de pénurie. 

Dans le cadre de la décision prise en 2016 par le Conseil d’administration de Gavi de soutenir la constitution de réserves de vaccin antiamaril, le financement de l’Alliance garantit désormais la disponibilité permanente de six millions de doses destinées aux situations d’urgence via une réserve tournante.

Aussi bien la demande que l’offre étaient faibles. Par conséquent, les réserves mondiales de vaccins oraux contre le choléra n’ont fourni que 300 000 doses aux pays. 

Les transferts de technologie de l’Institut international de vaccins aux fabricants de plusieurs pays d’Asie ont été déterminants pour le développement d’un nouveau vaccin, l’Euvichol en l’occurrence, par Eubiologics en Corée du Sud. En août 2014, le Fonds d’investissement pour la santé mondiale s’est associé à d’autres investisseurs pour fournir un financement supplémentaire à EuBiologics afin de l’aider à mener à bien ses efforts relatifs à l’élaboration du vaccin anticholérique. La fourniture de l’Euvichol aux pays bénéficiant du soutien de Gavi a débuté en 2016. 

Contrairement aux produits précédents, qui étaient stockés dans des flacons en verre difficiles à ouvrir, une version améliorée de ce nouveau vaccin, baptisée Euvichol-Plus, également fabriquée par EuBiologics en Corée du Sud, est devenue disponible en 2017. Le vaccin amélioré est conditionné dans un tube en plastique muni d’un mécanisme à tirette. Cela permet non seulement une ouverture plus facile et plus sûre des flacons, mais rend également ces derniers moins coûteux et plus pratiques à stocker et à transporter. 

En finançant l’achat de vaccins anticholériques, Gavi a joué un rôle déterminant dans l’élimination du cycle de la faiblesse de l’offre et de la demande. En 2016, le nombre de doses de vaccin anticholérique fournies chaque année par le biais des réserves mondiales avait été multiplié par 10, atteignant 3,7 millions et même une quantité record de 11 millions de doses en 2017. Au total, l’investissement de Gavi a permis de financer 17 millions de doses de vaccins anticholériques à la fin de 2017.