iasc logo

Genève/New-York, le 16 novembre 2021 – Gavi, l'Alliance du Vaccin (Gavi) et les membres du Comité permanent interorganisations (Inter-Agency Standing Committee ou IASC), principal organe de coordination du système humanitaire, collaborent pour que les populations les plus vulnérables confrontées à des crises humanitaires aient accès à des doses de vaccin contre la COVID-19.

L'inégalité face à la vaccination reste un problème majeur dans les situations humanitaires. Plus de la moitié des pays ayant lancé un appel à l’aide humanitaire n'ont toujours pas suffisamment de doses pour vacciner ne serait-ce que 10 % de leur population. Les doses dont disposent cinq des pays les plus pauvres du monde (Haïti, République démocratique du Congo, Soudan du Sud, Tchad et Yémen) permettent à peine de vacciner 2 % de leur population. Et les pays qui ont le moins de doses de vaccin contre la COVID-19 (souvent touchés par des conflits et en proie à la violence) ont beaucoup de mal à les distribuer.

Mais ces derniers mois, la Facilité COVAX a commencé à accroître régulièrement la distribution de vaccins contre la COVID-19 aux pays en situation de crise humanitaire, et cette tendance devrait se poursuivre au cours des prochains mois. Il s’agira alors de garantir l'équité en matière de vaccination au sein de ces pays, pour que les populations les plus à risque et les plus vulnérables, qui demeurent souvent dans les endroits les plus reculés, soient incluses dans les campagnes de vaccination.

Gavi et les agences de l’IASC cherchent ensemble à surmonter ces problèmes de livraison du « dernier kilomètre » pour vacciner les populations vulnérables se trouvant dans des endroits difficiles à atteindre, sachant que les organisations humanitaires doivent parallèlement offrir à ces communautés toute l’aide vitale nécessaire (au niveau de la nourriture, de l’eau potable et de l’hébergement) tout en répondant aux différents besoins d’aide humanitaire à travers le monde, lesquels atteignent des niveaux records. Il s'agit notamment de travailler de concert pour atteindre les enfants et les communautés « zéro dose » et les protéger contre les maladies évitables (rougeole, poliomyélite, diphtérie), et de subvenir aux besoins des femmes et des filles, impactées de manière disproportionnée par la pandémie.

Avancée décisive dans l'accès des victimes de crises humanitaires et autres groupes vulnérables aux vaccins contre la COVID-19, les premières doses de vaccins provenant du Tampon humanitaire institué dans le cadre de COVAX sont arrivées cette semaine en Iran Elles devraient permettre d’augmenter la couverture vaccinale des personnes déplacées dans ce pays en raison du conflit régional. D'ici la fin de l'année, un deuxième lot de vaccins provenant du Tampon humanitaire devrait être livré en Thaïlande pour vacciner les groupes à haut risque. Au total, ces livraisons permettront de vacciner près de 800 000 personnes vulnérables. Il s'agit d'une première étape importante pour le Tampon humanitaire, en appui à la mobilisation internationale pour que les populations frappées par les crises ne soient pas laissées de côté lors du déploiement mondial des vaccins contre la COVID-19.

Gavi et l’IASC demandent maintenant aux fabricants de vaccins qui ne l'ont pas encore fait de renoncer à leurs exigences vis-à-vis des organisations humanitaires en ce qui concerne les questions d’indemnisation, pour pouvoir continuer à livrer des doses de vaccins à toutes les communautés à risque à travers le monde.

Gavi, qui co-coordonne COVAX et gère la Facilité COVAX, a créé en 2021, avec l’IASC, le Tampon humanitaire de COVAX, pour que les vaccins contre la COVID-19 puissent parvenir à tous les groupes à risque les plus vulnérables à travers le monde. Cette initiative est née d’une part de la crainte de l’exclusion des populations confrontées aux crises humanitaires comme de tous les groupes vulnérables (réfugiés, demandeurs d'asile, apatrides, personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, migrants, minorités et personnes vivant dans des zones touchées par des conflits) des activités et des programmes nationaux de déploiement des vaccins contre la COVID-19, et d’autre part de la reconnaissance de la gravité particulière de l'impact de la COVID-19 sur les femmes appartenant à ces groupes.

Tous les gouvernements doivent, en premier lieu, inclure toutes les personnes vivant sur leur territoire dans les campagnes nationales de vaccination contre la COVID-19, quel que soit leur statut juridique. Mais le Tampon humanitaire a été établi pour atténuer le risque de voir les groupes vulnérables être délaissés et pour éviter les situations conduisant à des failles dans la couverture vaccinale.

L'organe de décision indépendant du Tampon humanitaire, établi sous les auspices de l'IASC et composé d'experts des agences humanitaires, a alloué ces premières doses aux groupes vulnérables présents en Iran et en Thaïlande, car c’étaient les premiers candidats à remplir les critères nécessaires pour bénéficier des doses de vaccin du Tampon.

« Ces premières livraisons de vaccins aux communautés vulnérables d'Iran et de Thaïlande via le Tampon humanitaire de COVAX constituent une étape importante dans le cadre des efforts déployés pour que personne ne soit laissé de côté : où qu'elles se trouvent, les populations les plus à risque doivent pouvoir accéder aux vaccins contre la COVID-19, en toute circonstance », a déclaré le Dr Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi. « C'est encore plus vrai pour les populations vulnérables et notamment celles qui sont confrontées à des crises humanitaires, et qui n’ont pas de filets de sécurité. Pour aider ces populations, Gavi a le privilège de travailler avec les organisations membres de l'IASC, notamment ses partenaires de COVAX, OMS et UNICEF. Et nous appelons les fabricants et les gouvernements à nous soutenir dans cet effort crucial. »

Tous les membres de la Facilité COVAX, de même que les organisations humanitaires nationales et internationales, peuvent faire appel au Tampon humanitaire pour obtenir des doses de vaccin. Ils peuvent également demander du matériel, par exemple des seringues, ainsi que des financements pour les frais de livraison. Selon les estimations de Gavi et de l’IASC, plus de 167 millions de personnes – soit 80 % de celles qui risquent le plus de se voir exclues des programmes nationaux de vaccination et pourraient avoir besoin du soutien du Tampon humanitaire – vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure.

« Les organisations humanitaires sont prêtes à apporter les vaccins à ceux qui en ont le plus besoin », a déclaré Martin Griffiths, Coordonnateur des secours d'urgence et Secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires, et président de l’IASC. « Mais pour ce faire, nous avons besoin du soutien des producteurs de vaccins et des gouvernements pour ce qui est des risques juridiques et financiers encourus. »

Normalement, ce sont les producteurs de vaccins qui, dans la plupart des cas, assument le risque de devoir verser des indemnités en cas d’événements indésirables liés à l'utilisation de leurs produits. Mais en ce qui concerne la pandémie et les vaccins contre la COVID-19, ils ont demandé à tous les acheteurs et destinataires des vaccins d'assumer ce risque à leur place et, dans le cas du Tampon, ils se sont adressés aux pays et aux organisations humanitaires.

Pour que le Tampon humanitaire puisse répondre à la demande de vaccins émanant des communautés vulnérables, il faut que les fabricants renoncent à leurs exigences envers les organisations humanitaires en matière d'indemnisation. Les agences des Nations Unies, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les ONG internationales et locales ne peuvent assumer un risque qui, en principe, incombe aux fabricants et peut avoir des conséquences financières, juridiques et éthiques. S’il n'est pas résolu, ce problème empêchera les organisations humanitaires de vacciner certaines des populations les plus vulnérables du monde, et COVAX ne pourra pas utiliser tous les vaccins contre la COVID-19 de son portefeuille pour vacciner les communautés les plus vulnérables, ce qui mettrait en péril le principe même du Tampon humanitaire, qui est de disposer d’un approvisionnement constant.

A ce jour, quatre fabricants (Clover, Johnson & Johnson, Sinopharm et Sinovac) ont accepté de coopérer avec COVAX et de renoncer à leurs exigences en matière d'indemnisation pour les organisations humanitaires qui administrent leurs vaccins à ces populations. L’IASC et Gavi voient dans cette décision une étape importante qui permettra au Tampon humanitaire de fournir des vaccins à ceux qui risquent le plus d'être laissés de côté lors de leur déploiement mondial. Nous appelons tous les autres producteurs de vaccins participant au portefeuille COVAX de faire de même. Avec le déploiement à grande échelle des vaccins et la disponibilité de nouvelles données, nous leur demandons de régulariser leurs pratiques en ne se contentant pas d’accorder des dérogations à court terme, mais d’assumer l’entière responsabilité des vaccins contre la COVID-19. C'est la pratique courante dans la plupart des situations dans lesquelles opèrent Gavi et les agences humanitaires.

Les gouvernements locaux peuvent également jouer un rôle en demandant aux producteurs des vaccins figurant dans le portefeuille de COVAX de respecter cet impératif moral et de santé publique.

La seule façon de sortir de la pandémie, c’est d’inclure tous les groupes marginalisés et les populations aux prises avec des crises humanitaires.


Contacts Presse

Evan O’Connell
+41 79 682 18 95
eoconnell@gavi.org

Meg Sharafudeen, Gavi
+41 79 711 55 54
msharafudeen@gavi.org

Iryna Mazur, Gavi
+41 79 429 3671
imazur@gavi.org

Anna Jefferys, OCHA
+1 347 707 3734
Jefferysa@un.org

Abonnez-vous à notre infolettre