Genève, le 2 décembre 2021 – Le Conseil d'administration de Gavi, l'Alliance du Vaccin, a approuvé cette semaine un certain nombre de mesures visant à lutter contre le paludisme, à favoriser un accès universel et équitable aux vaccins contre la COVID-19 et à maintenir, restaurer et renforcer la vaccination systématique en 2022.
Au cours de cette réunion de trois jours, le Conseil d'administration a approuvé un nouveau programme de vaccination contre le paludisme destiné à soutenir l'introduction, l'achat et la distribution du vaccin antipaludéen pour les pays d’Afrique subsaharienne éligibles au soutien de Gavi. Un investissement initial de 155,7 millions de dollars US pour la période 2022-2025 permettra de mettre en place l’utilisation ce nouvel outil en complément des interventions actuellement recommandées pour lutter contre le paludisme, ce qui devrait permettre de sauver des dizaines de milliers de vies chaque année et de faire baisser la mortalité infantile en Afrique.
Le Conseil d'administration a également approuvé l'orientation stratégique de l'Alliance du Vaccin et le rôle de cette dernière dans COVAX. En 2022, Gavi continuera à établir les fondements de la protection contre la COVID-19 par l'intermédiaire de COVAX, en mettant l'accent sur les pays à faible revenu et ceux qui en ont le plus besoin ; à déployer un portefeuille modulable de vaccins contre la COVID-19 de façon à gérer les incertitudes et à anticiper les risques ; et à fournir un soutien pour le déploiement en masse des vaccins.
« Les événements de 2021, illustrés tout récemment par l'émergence du variant omicron, ont mis en évidence d’une part le danger auquel on s’expose en laissant le SARS-CoV-2 se propager sans contrôle dans de grandes parties du monde, et d’autre part la nécessité vitale de poursuivre les programmes de vaccination systématique si durement impactés par la pandémie », a déclaré José Manuel Barroso, Président du Conseil d'administration de Gavi. « Je me réjouis des décisions du Conseil d'administration qui permettent de progresser sur tous les fronts : mise à profit des dernières innovations dans la lutte contre le paludisme, soutien de COVAX aux stratégies nationales de vaccination contre la COVID-19, et activités visant à maintenir, restaurer et renforcer les programmes de vaccination de routine – notamment en ciblant les enfants zéro dose, dont le nombre ne cesse de croître aujourd’hui dans le monde. »
La décision historique du Conseil d’administration d’adopter un programme de vaccination contre le paludisme doté d’un financement propre permettra d’offrir aux pays africains un nouvel outil, crucial pour la lutte contre le paludisme. Le Conseil a accordé un investissement initial d'environ 155,7 millions de dollars US sur la période 2022-2025, en précisant que la réussite du programme de vaccination antipaludique exigeait une coordination active et intense entre les programmes de lutte contre cette maladie et les programmes de vaccination, tant au niveau des pays qu’au niveau mondial, de façon à assurer le maximum d’efficacité en intégrant le déploiement du vaccin aux autres interventions.
Le Conseil d'administration a également reconnu qu’il convenait d'intégrer et renforcer les soins de santé primaires, étant donné la large acceptation de la vaccination constatée chez le personnel de santé et le personnel soignant lors des projets pilotes d’introduction du vaccin contre le paludisme (MVIP). La vaccination constitue une plateforme puissante qui permet d’atteindre les enfants vulnérables, notamment ceux qui échappent aux interventions préventives en vigueur, comme l’utilisation de moustiquaires imprégnées ; et elle peut aider à progresser sur la voie de l’équité. Enfin, le Conseil a pris note des possibilités offertes par les vaccins de nouvelle génération en cours de développement et de la nécessité de s’employer à façonner un marché sain pour les vaccins antipaludiques.
« Nous avons franchi aujourd’hui une étape importante dans la lutte contre le paludisme », a déclaré le Dr Seth Berkley, Directeur exécutif de Gavi, l'Alliance du Vaccin. « Cette décision du Conseil d'administration de Gavi de financer un nouveau programme de vaccination contre le paludisme pour les pays d'Afrique subsaharienne pourrait sauver des dizaines de milliers de vies chaque année en Afrique. Avec le vaccin, nous disposons d’un nouvel outil important pour contrôler le paludisme en Afrique, outil qui vient s’ajouter aux autres interventions actuellement recommandées comme l’utilisation systématique de moustiquaires imprégnées d'insecticide ; la pulvérisation d'insecticides à l'intérieur des habitations ; la chimioprévention ; le dépistage et le traitement précoces. Nous avons hâte de travailler avec les acteurs mondiaux de la lutte contre le paludisme pour que les pays puissent intégrer cet outil prometteur à cette lutte.
Après des gains considérables au cours des deux dernières décennies, les progrès dans la lutte contre le paludisme sont au point mort et de nouveaux outils sont nécessaires de toute urgence pour se remettre sur les rails. Plus de 260 000 enfants africains de moins de cinq ans meurent chaque année du paludisme, et 50 % des décès dus à cette maladie à travers le monde surviennent dans six pays éligibles au soutien de GAVI. L'Afrique est toujours le continent le plus lourdement touché par le paludisme et les enfants africains sont les plus exposés au risque de mourir de cette maladie, surtout en ce moment où la pandémie de COVID-19 menace de perturber les programmes de vaccination.
Maintenant que cette décision a été prise, il reste à franchir plusieurs étapes critiques avant de pouvoir déployer le vaccin dans les pays soutenus par Gavi. Il va falloir mettre en place l’aide technique nécessaire pour intégrer cette vaccination aux autres interventions, acheter le vaccin et ouvrir un guichet de financement pour recevoir les demandes des pays bénéficiant de l’aide de Gavi. En outre, les pays devront prendre des décisions sur le déploiement du vaccin, en tenant compte de facteurs tels que la place de la maladie dans les priorités de santé publique, les données disponibles sur le poids de la maladie, et la combinaison optimale des différentes interventions en fonction du contexte local.
Le Conseil d'administration a approuvé l'orientation stratégique de l'Alliance du vaccin pour 2022, qui consiste à aider 91 pays à faible revenu à atteindre leurs propres objectifs en matière de couverture vaccinale contre la COVID-19, dans la perspective de l'objectif mondial de vaccination de l'OMS, fixé à 70 % pour fin juin 2022, et en tenant compte de leurs sources d'approvisionnement en dehors de COVAX. COVAX a fourni plus de 80 % des vaccins expédiés aux pays à faible revenu et a obtenu l'accès à suffisamment de doses supplémentaires pour protéger environ 40 % de la population de chacun de ces pays d'ici le début de l'année prochaine.
Pour 2022, le Conseil d'administration de Gavi a également approuvé – sous réserve de financement pour l'AMC COVAX - la stratégie de la Facilité COVAX pour l'approvisionnement en vaccins contre la COVID-19, conçue pour offrir un maximum de flexibilité en cas d'apparition de nouvelles données ou d'évolution des marchés. L'élément central de cette approche, le stock de vaccins pandémiques, permettra à COVAX de gérer les risques liés à l’offre et à la demande, et de fournir des doses aux pays qui dépendent le plus de COVAX, notamment les pays vulnérables, les pays où les taux de couverture actuels sont les plus bas et ceux qui ont besoin de visibilité sur leur approvisionnement pour pouvoir planifier leurs campagnes de vaccination.
L'approche stratégique de COVAX pour 2022 tient compte également des différences dans la capacité des pays à déployer les vaccins et de la multiplicité des partenaires qui aident les pays à intensifier la distribution des vaccins. En 2022, l’Alliance devra collaborer de façon plus systématique avec les autres bailleurs de fonds en ce qui concerne le déploiement de la vaccination, que ce soit au niveau mondial, régional ou national ; cibler davantage son soutien financier et renforcer son soutien technique pour les pays éligibles à l’AMC ; et suivre plus attentivement les progrès et les risques associés à la distribution des vaccins.
Pour renforcer les processus établis par COVAX pour la gestion de la chaîne allant de l'allocation des vaccins à leur livraison jusqu’au dernier kilomètre, le Conseil d'administration admet qu’il convient de mettre en place une structure chargée de la coordination qui soit plus efficace, et approuve la création temporaire d’un Comité de pilotage ayant autorité sur la stratégie relative à la distribution des vaccins et les décisions concernant la Facilité COVAX. Ce Comité supervisera également l’aide apportée par COVAX à la vaccination, notamment son alignement sur la stratégie d'allocation des vaccins, la capacité d'absorption des pays et les fonds disponibles. Le Conseil d’administration reconnaît que chacun des membres de l’Alliance du Vaccin aura un rôle important dans cette nouvelle structure de coordination, qui devra travailler avec ses partenaires, actuels ou nouveaux, et avec les pays, de façon à accélérer le déploiement de la vaccination, notamment par le biais de campagnes de vaccination de masse, ou ciblées sur les populations difficiles à atteindre, tout en s’efforçant de maintenir la vaccination systématique. Cette structure de coordination renforcée rendra régulièrement compte au Conseil d'administration de Gavi des progrès réalisés en matière de vaccination, par l'intermédiaire d’un comité de pilotage temporaire.
Compte tenu l’urgence de la situation et des besoins des pays, le Conseil d'administration a délégué à Gavi, sous la tutelle de la nouvelle structure de coordination de COVAX, le pouvoir d'allouer les fonds dont elle dispose actuellement ou dont elle disposera à l’avenir, à la distribution des vaccins contre la COVID-19, sans passer par une évaluation indépendante. Elle devra toutefois utiliser les mécanismes existants en matière d'atténuation des risques programmatiques et fiduciaires.
Le Conseil d’administration a également souligné l’importance du mécanisme de partage des coûts mis en place par COVAX, considérant qu’il est facultatif et permet aux pays d'accéder à des doses supplémentaires de vaccins, et a de ce fait approuvé sa prolongation jusqu'en décembre 2023.
Dans le cadre des programmes de Gavi visant à rétablir, maintenir et renforcer la vaccination systématique, le Conseil d'administration a accordé, pour la période 2022-2025, un financement de 32 millions de dollars US destiné à couvrir l'achat et la distribution de trousses, réactifs, fournitures et équipements pour le diagnostic de la fièvre jaune, du choléra, de la typhoïde, du méningocoque, de la rougeole et de la rubéole, en espérant que cette garantie d’achat incitera les fabricants à améliorer les tests diagnostiques disponibles dans le commerce. Un financement d’un montant de 21 millions de dollars a été accordé par ailleurs pour garantir la précision et la fiabilité des trousses diagnostiques achetées avec le financement de Gavi et vérifier si elles permettent bien d’utiliser les vaccins au bon endroit et au bon moment.
Il est essentiel de pouvoir disposer d’outils de diagnostic adaptés pour permettre aux pays de planifier et mettre en œuvre des programmes de vaccination ciblés. Lors de la mise de ces outils de diagnostic à disposition des pays, il conviendra de s’assurer que les investissements de Gavi dans ces programmes de vaccination ciblée, actuellement estimés à plus de 1,6 milliard de dollars US pour la période 2021-2025, donneront les meilleurs résultats et permettront plus d’équité.
Enfin, le Conseil d'administration de Gavi a adressé ses vifs remerciements aux membres sortants, Maty Dia, Abdoulaye Sabre Fadoul, Gilbert Mokoki, David Sidwell et Joan Valadoupour, pour leur précieuse contribution aux initiatives de Gavi visant à accélérer l'introduction des nouveaux vaccins et améliorer la vaccination systématique.
Le Conseil d'administration a par ailleurs eu le plaisir d’accueillir de nouveaux membres, Bernhard Braune, Silvia Lutcuta, Bvudzai Magadrize, Charlemagne Marie Ragnag-Néwendé Ouedraogo, Jan Paehler, Anne Schuchat et Rafael Vilasanjuan.
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