Virus de Marburg : le Togo sur le qui-vive

Alors que le monde est toujours sous l’emprise de la COVID-19, le Ghana a déclaré le 17 juillet dernier des cas de maladie à virus Marburg. Le pays a enregistré deux patients décédés en juin, et un troisième le 2 août. Cette évolution inquiète aussi bien le Ghana que ses pays frontaliers dont le Togo, où le gouvernement se prépare à lutter contre d’éventuels cas de la maladie.

  • 15 août 2022
  • 5 min de lecture
  • par Nephthali Messanh Ledy
A la frontière principale Togo-Ghana, les citoyens craignent le virus de Marburg. Crédit : Nephthali Messanh Ledy
A la frontière principale Togo-Ghana, les citoyens craignent le virus de Marburg. Crédit : Nephthali Messanh Ledy
 

 

C’est à travers un communiqué publié le 17 juillet 2022 que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a informé l’opinion d’une épidémie de Marburg au Ghana. En effet, indique la note, l'Institut Pasteur de Dakar (Sénégal) a reçu des échantillons de deux patients dans la région d’Ashanti, au sud du Ghana - tous deux décédés et sans lien de parenté - qui présentaient des symptômes tels que la diarrhée, la fièvre, les nausées et les vomissements. Le laboratoire a confirmé les résultats du Noguchi Memorial Institute for Medical Research, qui avait indiqué que c’était la maladie à virus de Marburg.

Le premier cas est un homme de 26 ans décédé le 27 juin, et le second, un cinquantenaire, disparu le lendemain. La troisième victime, annoncée le 2 août 2022, est un enfant décédé du virus dont le tout premier cas avait été détecté l'année dernière en Guinée.

Craintes au sein de la population togolaise

Au Togo, la nouvelle de cette épidémie a été accueillie comme un coup de massue, avec beaucoup d’inquiétude. Ainsi, le 1er août à la frontière principale entre le Togo et le Ghana, la peur gagne la foule. Mais les personnes rencontrées assurent qu’elles jouent depuis lors un rôle d’éveilleur de conscience.

« La manière dont on décrit le virus fait peur. Et pour avoir vécu les moments difficiles de la pandémie de COVID-19 ici à la frontière, personnellement à chaque fois que je trouve l’occasion, j’essaie de partager l’information et j’invite les gens à adopter les comportements adéquats tels que je l’ai appris dans les médias », déclare Désiré Seglo, conducteur de taxi-moto faisant la navette entre Kodjoviacopé et Aflao, deux quartiers voisins situés de part et d’autre de la frontière entre le Togo et le Ghana.

« On se demande si la situation sera similaire à la COVID-19 où dans les premiers cas, toute une panoplie de restrictions ont été imposées. La crainte est réelle même si elle n’est pas visible. »

Non loin de là, Yao Atsu, propriétaire d’un cyber-café, déclare avoir déjà pris des dispositions. « Plus question pour nous de vivre ce que la pandémie nous a fait endurer », dit-il d’un air ferme.

Au poste de contrôle sanitaire de la frontière, des dispositions sont également prises. Les contrôles sont renforcés, les dispositifs de lavage des mains sont réinstallés comme au temps fort de la pandémie, et la prise de température des voyageurs est devenue importante.

A quelques kilomètres de la frontière, au centre-ville de Lomé, l’avis général est qu’il est nécessaire que le gouvernement communique davantage pour rassurer.

« Dans les têtes, il y a des interrogations. On se demande si la situation sera similaire à la COVID-19 où dans les premiers cas, toute une panoplie de restrictions ont été imposées. La crainte est réelle même si elle n’est pas visible. Et pour les leaders d’opinion que nous sommes, nous pensons que si rien n’est fait, ce n’est pas la maladie qui va tuer les Togolais mais le traumatisme causé par la pandémie qui continue d’ailleurs par rudoyer les citoyens », a commenté Kénanou Issifou, journaliste, animateur de l’émission ‘’Les Spécialistes vous parlent’’ sur SOS Docteur TV, une chaine de télévision spécialisée dans la diffusion et l’information en santé.

Même son de cloche chez Selom Nayoda, qui note qu’il y a déjà une peur qui se propage dans la population. Selon ce diplômé en Master en analyses biomédicales et Assurance qualité, ce sentiment pourrait aggraver la situation, tout en amenuisant les liens sociaux et en exacerbant l’impact potentiel du virus, entraînant la fermeture des entreprises et des frontières, réduisant les échanges commerciaux, freinant les investissements et atténuant par conséquent les perspectives de croissance.

La démarche anticipative du gouvernement togolais

A la suite de l’annonce de l’OMS, le ministre togolais de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès aux soins universels a sensibilisé les populations et les a invitées à plus de vigilance.

Dans un communiqué en date du 20 juillet 2022, Prof Moustafa Mijiyawa renseigne que la maladie à virus Marburg est contagieuse et grave. Le ministre a également attiré l’attention sur le mode de contamination et de propagation, et la manifestation même de la maladie.

Prof Mijiyawa rassure sur le fait que les autorités nationales ont pris des mesures pour barrer la voie au « nouveau virus » au Togo. « Il s’agit entre autres du renforcement de la surveillance épidémiologique à travers l’alerte précoce, la notification et les investigations ; l’organisation de la prise en charge d’éventuels cas ; la sensibilisation de la population surtout à risque sur les mesures préventives et la conduite à tenir devant des signes de suspicion », indique le communiqué.

Le texte invite par ailleurs la population à se laver régulièrement les mains à l’eau et au savon, éviter tout contact avec le sang, les selles, les urines, la salive, les vomissures et autres liquides biologiques, éviter de manipuler, en l’absence de toute mesure de protection adaptée, le corps d’une personne suspecte décédée de maladie à virus Marburg, et éviter d’être exposé aux chauves-souris ou de les manipuler.

Suivre Nephtali Ledy sur Twitter : https://twitter.com/NephLedy