Face à la variole du singe, les appels à la vaccination se multiplient au Togo

Au Togo, aucun cas de variole du singe n’est confirmé à ce jour. Cependant des voix soutiennent qu’une campagne de vaccination serait salutaire pour le pays, en appui du plan de riposte élaboré par le gouvernement.

  • 20 septembre 2022
  • 4 min de lecture
  • par Nephthali Messanh Ledy
Kossi Kabo, président de l’Association des biologistes médicaux du Togo (ABM-Togo). Crédit : Nephthali Messanh Ledy
Kossi Kabo, président de l’Association des biologistes médicaux du Togo (ABM-Togo). Crédit : Nephthali Messanh Ledy
 

 

Selon les derniers chiffres des autorités sanitaires des Etats-Unis, plus de 15.300 cas de variole du singe ont été recensés ces dernières semaines dans le monde. En réaction, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré en juillet dernier avoir approuvé l’utilisation d’un vaccin pour prévenir du mal. Au Togo, les autorités nationales sont dans une démarche anticipative pour éviter les mauvaises surprises.

Un plan de riposte national

Selon le professeur Majesté Ihou Wateba, médecin infectiologue au Centre Hospitalier Régional de Lomé – rénové en 2020 pour la prise en charge des maladies infectieuses –, la variole du singe est une maladie qui se manifeste par plusieurs symptômes comme la fièvre, les maux de tête, l’éruption cutanée, la douleur musculaire. Mais pour le moment, elle n’est pas présente au Togo.

« Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on souvent. Dans ce cas de figure, la formule préventive la plus efficace contre cette crise réémergente est de recourir à la vaccination des populations à risque »

« Nous avons déjà mis en place des structures d’accueil et d’accompagnement nécessaires pour assurer cette riposte de façon efficace. Lorsque dans votre entourage, une personne présente des éruptions cutanées du type vésicule, comme lorsqu’on est brûlé par le feu, la peau se surélève avec de l’eau à l’intérieur ; s’il y a quelqu’un qui a des éruptions généralisées de cette nature sur le corps, il faut alerter rapidement les structures sanitaires », a précisé le professeur.

Des médicaments et des vaccins existent déjà contre cette maladie, mais le risque est très élevé chez les personnes diabétiques, immunodéprimés ou enceintes.

« C’est un virus à ADN, un gros virus dont certains membres ont été même utilisés pour la recherche vaccinale contre la variole humaine et aujourd’hui des vaccins basés sur la connaissance des virus de cette famille existent. Mais ce qu’on craint, c’est l’émergence de variants plus virulents », a laissé entendre le professeur Salou Monerou, biologiste.

Vite recourir à la vaccination

Si les acteurs de la société civile saluent le plan de riposte, ils estiment qu’il faut aller plus loin, comme l’Association des Biologistes Médicaux du Togo (ABM-Togo).

« Face à cette situation et en mémoire de la crise de la COVID-19, nous conseillons de sensibiliser davantage les acteurs de la santé sur la maladie, accroître les potentialités diagnostiques du personnel de santé et renforcer la recherche biologique et l'innovation biotechnologique », suggère Kossi Kabo, président de l’ABM-Togo.

Il propose aussi d’équiper les laboratoires d'épidémiologie pour une recherche coordonnée (cycleurs, séquenceurs), d’harmoniser la collecte de données et de rendre compte des résultats cliniques, de renforcer les conditions de conservation des souches (biobanking) et de renforcer la surveillance épidémiologique, entre autres.

De même, pour une prévention efficace, Dr Kabo souhaite qu’un programme de vaccination ciblée aux populations à risque soit élaboré. « Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on souvent. Dans ce cas de figure, la formule préventive la plus efficace contre cette crise réémergente est de recourir à la vaccination des populations à risque », ajoute–t-il.

Un taux de létalité situé entre 1 et 10 %

Maladie infectieuse émergente causée par un virus transmis par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs, la variole du singe peut ensuite se propager d’une personne à l’autre. Mais la transmission de personne à personne ne peut à elle seule entretenir une éclosion, d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La présentation clinique est semblable à celle observée chez les patients atteints autrefois de la variole, éradiquée dans le monde entier en 1980. Mais la variole du singe est encore présente sporadiquement dans des régions d’Afrique centrale et occidentale, près des forêts tropicales humides.

De manière générale, le taux de létalité dans les épidémies de variole du singe est de 1 à 10 %, mais avec des soins appropriés, la plupart des patients se rétablissent.

Suivez l'auteur, Nephthali Messanh Ledy, sur Twitter : @NephLedy