« Pour protéger la population contre la fièvre jaune, la vaccination massive est indispensable »

Atteindre une couverture de plus de 95 % au niveau national : tel était l’objectif de la campagne massive de vaccination contre la fièvre jaune lancée par les autorités sanitaires congolaises du 4 au 11 août dernier. Cette campagne qui a ciblé la quasi-totalité de la population âgée de 9 mois à 60 ans dans les 11 départements du Congo a mobilisé plus de 13.800 professionnels de santé.

  • 26 août 2022
  • 5 min de lecture
  • par Rosie Pioth
Une campagne de vaccination contre la fièvre jaune vient de prendre fin au Congo. Crédit : UNICEF/2022
Une campagne de vaccination contre la fièvre jaune vient de prendre fin au Congo. Crédit : UNICEF/2022
 

 

« ...C’est ma mère qui m’a poussé à me faire vacciner. »

Jess Kadi, un jeune homme dans la trentaine vivant à Brazzaville, est allé se faire vacciner. Cameraman de son état, c’est par pur hasard qu’il s’est retrouvé dans un centre de vaccination pour un tournage.

« Je ne pensais même pas à me faire vacciner. C’est ma mère qui m’a appelé au début de la campagne et a insisté pour que je puisse prendre le vaccin contre la fièvre jaune. Elle avait tellement insisté au téléphone que ce jour-là, lorsque je me suis retrouvé face à une équipe de vaccination, je leur ai demandé de me vacciner. C’est ainsi que j’ai été vacciné contre la fièvre jaune », raconte-t-il.

L’organisation d’une campagne de vaccination massive était le seul moyen d’atteindre l’immunité collective de 95% de taux de vaccination de la population de 9 mois a 60 ans.

La fièvre jaune est une maladie hémorragique virale aigue transmissible par la piqure de moustiques infectés, et dont la vaccination demeure le moyen de prévention le plus efficace. La survenue des épidémies de fièvre jaune en Angola en 2016 avec la propagation dans les pays voisins, et le fait que la République du Congo fasse partie de la ceinture épidémique de la fièvre jaune en Afrique, justifie l’organisation de cette campagne de vaccination massive. Autre raison majeure : la déclaration fin 2021 d’une épidémie de fièvre jaune en République du Congo, avec 3 cas confirmés.

Lors du lancement officiel de cette campagne de vaccination si particulière, le ministre de la Santé et de la Population Gilbert Mokoki a invité, à travers une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, les populations à y adhérer massivement et à se faire vacciner afin d’être immunisé contre la fièvre jaune, et ainsi sauver des vies tout en se protégeant.

« La riposte à la pandémie de COVID-19 a influencé négativement la vaccination de routine... »

Interrogé, le Dr Edouard Ndinga, responsable du cluster Immunisation et Maladies évitables par la vaccination (MEV) du bureau de l’OMS au Congo, explique que la République du Congo étant un pays à risque à cause de son écosystème favorable à la présence des moustiques Aedes (moustiques responsables de la transmission de la fièvre jaune). Il était donc nécessaire de se joindre au gouvernement et aux autres partenaires pour la tenue de cette campagne.

« Le Congo a connu une épidémie de fièvre jaune en 2021 avec 204 cas suspects dont douze cas probables et deux cas confirmés positifs par le laboratoire spécialisé (IPD) », déclare-t-il. « Une situation due surement au fait que la riposte à la pandémie de COVID-19 a eu une influence considérable et négative sur les activités de vaccination de routine », ajoute-t-il.

« Un taux de vaccination de 88% a été atteint dans l’objectif de l’élimination globale de la fièvre jaune »

Premier partenaire de la vaccination au niveau mondial, l’UNICEF est responsable des aspects liés à l’approvisionnement et la logistique des vaccins ainsi que de la communication sociale, d’où sa participation active à cette campagne. Dr Hermann Didi Ngossaki, spécialiste santé au sein de l’Unicef Congo, explique que l’organisation d’une campagne de vaccination massive était le seul moyen d’atteindre l’immunité collective de 95% de taux de vaccination de la population de 9 mois a 60 ans.

Dr Hermann Didi Ngossaki
Dr Hermann Didi Ngossaki, spécialiste santé à l’Unicef Congo.
Crédit : Unicef

« Les résultats de cette campagne, un taux de vaccination de 88% de la population de 9 mois à 60 ans pour la fièvre jaune, sont le fruit de l’engagement du gouvernement et des efforts collectifs des autres partenaires impliqués dans la vaccination, dont Gavi est le principal bailleur, dans l’objectif de l’élimination globale de la fièvre jaune », affirme -t-il.

Ngossaki ajoute que « l’Unicef continuera à faire une surveillance de ces maladies conjointement avec l’OMS, et ainsi renforcer la vaccination de routine, qui demeure la stratégie la plus efficace pour prévenir les maladies évitables par les vaccins. ».

Dans son bureau situé dans l’enceinte du Programme élargi de vaccination, le Dr Mourou Mouyoka Alexis, pédiatre et responsable de ce programme, est satisfait des résultats. « En réalisant cette campagne de proximité de qualité qui a atteint les objectifs de couverture vaccinale attendus, nous avons aidé à renforcer l'immunité de notre population contre la fièvre jaune », a-t-il déclaré.

« Toutefois, cette immunité doit être consolidée par le renforcement de la vaccination de routine, afin de préserver notre pays des épidémies de fièvre jaune. »

Dr Alexis Mourou Mouyoka
Dr Alexis Mourou Mouyoka, pédiatre et responsable du programme élargi de vaccination.
Crédit : Rosie Pioth

Pour y parvenir, les autorités sanitaires congolaises comptent sur les partenaires de l'OMS et de l'UNICEF.

« Les partenaires de l’OMS et de l’Unicef vont procéder au monitorage post-campagne dont les résultats permettront d'identifier les éventuelles zones mal couvertes, afin de permettre d'envisager des actions spécifiques ciblant lesdites zones. », a conclu Dr Mouyoka.

La fièvre jaune est une maladie grave à déclaration obligatoire : un seul cas confirmé suffit à déclarer une épidémie à l'échelle nationale. A ce jour, la campagne de vaccination contre la fièvre jaune se poursuit dans le département de Likouala, et prendra fin le 30 août prochain.