Au Congo, focus sur les femmes enceintes pour la prévention du paludisme

Première cause de mortalité en République du Congo comme dans beaucoup de pays en Afrique, le paludisme affecte gravement les enfants et les femmes enceintes. Avec l'aide du Fond mondial et d’autres partenaires, le Congo a lancé pour la période allant de 2021 à 2023, une campagne de prévention gratuite du paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 15 ans.

  • 23 janvier 2023
  • 4 min de lecture
  • par Jean David Mihamle
La clinique du Mont-Sinaï à Pointe-Noire. Crédit : Jean David Mihamle
La clinique du Mont-Sinaï à Pointe-Noire. Crédit : Jean David Mihamle
 

 

Il est 11h30 à la clinique Mont-Sinaï, dans le cinquième arrondissement de Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. En poste depuis 7h30, Anido, infirmière préposée à l'accueil et à l'enregistrement des patients, se démène. L'affluence et le rythme de travail sont tels qu'en cinq heures, elle n'a pu quitter son poste. Jusqu'à midi, près d'une cinquantaine de patientes attendaient encore d'être reçues.

Dr Paul Bitih, le directeur de la clinique, explique cette affluence exceptionnelle par le travail de sensibilisation des agents de santé communautaire. « Nous avons une grande affluence, comme vous l'avez vu. Nous saluons ici l'action des relais communautaires qui préparent le terrain par la sensibilisation. Après cela, c'est assez facile pour nous. Sans cette action, nous n'aurions pas autant de gens ».

« Les populations sont réceptives aux messages de sensibilisation pour la vaccination ou la prévention contre le paludisme au profit des femmes enceintes et des enfants. On nous fait confiance car nous vivons avec les populations. Nous sommes un pont entre l'hôpital et les populations ».

Des patientes de plus en plus réceptives

De nombreuses femmes enceintes sont venues pour leurs consultations prénatales, tandis que d'autres sont plutôt préoccupées par la vaccination de leurs enfants. Dans un concert de cris de bébés incommodés par la chaleur et les injections, Deline une jeune femme d'une vingtaine d'années, partage son expérience de prévention du paludisme pour les femmes enceintes. "Jusqu'à présent, je n'ai pas de problème de paludisme. Je suis bien suivie. A 26 semaines, j'en suis à ma deuxième prise de traitement préventif contre le paludisme. Il faut aussi ajouter qu'en octobre dernier, nous avons reçu des moustiquaires imprégnées d'insecticides".

Femmes enceintes paludisme Congo
Les futures mères sont reçues à la clinique pour recevoir gratuitement un traitement préventif contre le paludisme.
Crédit : Jean David Mihamle

Danielle, également enceinte, bénéficiera de la prévention du paludisme. "C'est la première fois que je viens ici. J'appréhendais ce moment. J'ai été encouragée par ma belle-mère », confie-t-elle. « J’en suis au sixième mois de grossesse : j'ai découvert que j’étais enceinte au quatrième mois. Le personnel est très accueillant. C'est encourageant. Je n'ai pas de paludisme et je viens de prendre ma première dose pour prévenir cette maladie. »

Un problème majeur de santé publique

Au Congo, le paludisme est un véritable problème de santé publique. D'après le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) , cette maladie est à l'origine de 42% du taux de mortalité, 71% des consultations et 56% des hospitalisations dans le pays.

La prévention est vivement recommandée dans un contexte de désaffection des formations hospitalières, à cause de la désinformation entourant la COVID-19. Mais la situation commence à revenir à la normale. De quoi réjouir Mederick, membre du Cosar, une association qui assure le relai communautaire dans les quartiers riverains de la raffinerie de Pointe-Noire.

« Le plus dur est passé. Les populations sont réceptives aux messages de sensibilisation pour la vaccination ou la prévention contre le paludisme au profit des femmes enceintes et des enfants. On nous fait confiance car nous vivons avec les populations. Nous sommes un pont entre l'hôpital et les populations », développe-t-il. « Mais pour être plus efficace, il faudra compléter le paquet minimum d'action : cela nous permettra d'intervenir en amont, comme dans un cas de diarrhée, avant d'en référer à un centre de santé. Cela nous rendrait plus crédible ».

Nadège, sage-femme à la clinique du Mont-Sinaï, salue le changement d'attitude des patientes. « De plus en plus de femmes nous appellent pour s'assurer des dates des consultations pour elles-mêmes ou leurs bébés. C'est nouveau. Nous sensibilisons beaucoup. Nous montrons les conséquences néfastes du paludisme sur la grossesse. Il y a des risques de naissance à petit poids ou de naissance prématurée. Ici, le traitement est gratuit : à la vingtième semaine, vingt-quatrième semaine, vingt-huitième semaine. Au cas où la femme enceinte est porteuse de paludisme, on prolonge le traitement jusqu'à la trente-deuxième semaine».

A 14h30, la clinique retrouve sa quiétude habituelle. Une centaine de patientes été reçues, d'après l'infirmière Anido qui peut enfin plier ses registres et rentrer chez elle, avec la satisfaction du devoir accompli.

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