Pour combattre la diarrhée, le Nigéria introduit le vaccin contre le rotavirus dans son programme de vaccination

Le Nigéria occupe le deuxième rang mondial pour le nombre de décès dus au rotavirus. L'introduction historique du vaccin dans son programme de vaccination systématique vise à changer cette situation.

  • 30 août 2022
  • 4 min de lecture
  • par Ijeoma Ukazu
Nourrisson recevant le vaccin contre le rotavirus lors du lancement de la vaccination à Abuja. Crédit photo : Ijeoma Ukazu
Nourrisson recevant le vaccin contre le rotavirus lors du lancement de la vaccination à Abuja. Crédit photo : Ijeoma Ukazu
 

 

Le rotavirus est un virus très contagieux, parfois mortel, qui provoque généralement des diarrhées chez les nourrissons et les enfants de moins de cinq ans. Le Nigéria est particulièrement touché : environ 50 000 enfants nigérians de moins de cinq ans meurent chaque année de l'infection, ce qui représente 14 % du nombre total de décès d'enfants dus rotavirus et le place au deuxième rang mondial pour le nombre de décès dus au rotavirus.

Avec le lancement récent du vaccin contre le rotavirus et son intégration dans son calendrier vaccinal, le Nigéria espère réduire d'au moins 40 % la morbidité et la mortalité associées aux infections à rotavirus chez les enfants.

« Je suis très heureux du lancement du programme de vaccination contre le rotavirus, car beaucoup de mères qui n’auraient pas les moyens d'acheter le vaccin pourront désormais l’avoir gratuitement ».

Le Dr Faisal Shuaib, directeur exécutif de l'Agence nationale pour le développement des soins de santé primaires, indique que le vaccin, qui se présente sous la forme de gouttes buvables, sera administré aux nourrissons à 6, 10 et 14 semaines, en même temps que les autres vaccins de routine.

Dr Faisal Shuaib, Directeur exécutif de l'Agence nationale pour le développement des soins de santé primaires. Crédit photo : Ijeoma Ukazu
Dr Faisal Shuaib, Directeur exécutif de l'Agence nationale pour le développement des soins de santé primaires.
Crédit photo: Ijeoma Ukazu

Le Dr Shuaib explique que « le déploiement du vaccin bénéficie du soutien des partenaires du développement : Gavi, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Fondation Bill et Melinda Gates. Le vaccin devrait être administré gratuitement au cours de l'année prochaine à près sept millions d'enfants dans les 36 États du Nigeria ».

Il ajoute que la distribution des vaccins se fera en plusieurs phases, en commençant tout de suite par les 19 États du Nord à faible couverture vaccinale et par le territoire de la capitale fédérale Abija. La deuxième phase concernera les 17 États du Sud, à savoir le Sud-Ouest, le Sud-Est et le Sud, et débutera en octobre 2022.

Il ajoute : « L'introduction du vaccin contre le rotavirus est un investissement important qui peut avoir un impact économique important et sauver de nombreuses vies. On estime que l'introduction du vaccin contre le rotavirus devrait permettre d'éviter plus de 110 000 décès dans le pays sur une période de 10 ans ».

Le docteur Walter Kazadi Mulombo, représentant de l'OMS au Nigéria, affirme, quant à lui, que « le Nigéria devra continuer à introduire de nouveaux vaccins pour combler des lacunes en matière de vaccination aux différents âges de la vie et prévenir les décès. L’arrêt de la vaccination entraînerait la réapparition de maladies mortelles, et quand la population n’est pas vaccinée, des maladies infectieuses devenues rares peuvent rapidement réapparaître ».

Bannière affichée lors du lancement du vaccin contre le rotavirus à Abuja. Crédit photo : Ijeoma Ukazu
Bannière affichée lors du lancement du vaccin contre le rotavirus à Abuja.
Crédit photo : Ijeoma Ukazu

L'impact du vaccin contre le rotavirus

Calista Obasi, agent de santé et cheffe de service à l'unité de santé scolaire du Conseil des soins de santé primaire d’Abuja se réjouit de l’introduction du vaccin. « Le vaccin permettra de protéger tous les enfants nigérians et de préserver leur santé, alors que le nombre de cas de diarrhée se présentant dans les établissements de santé est trop important pour être quantifié à l'heure actuelle. Je suis convaincue que cette situation va changer avec l'introduction du vaccin contre le rotavirus ».

Obasi est convaincue que l'intégration du vaccin dans la vaccination de routine est un grand pas en avant pour s'assurer qu'aucun enfant ne soit laissé de côté. Elle souligne que la bonne couverture obtenue avec la vaccination systématique résulte des efforts déployés par les professionnels de santé pour accéder à tous les coins et recoins du pays, en particulier dans les zones difficiles d'accès.

« Je suis très heureuse du lancement du vaccin contre le rotavirus » déclare Agwu Deborah, agent de vulgarisation en santé communautaire au centre de santé familiale d’Abuja. « Beaucoup de mères n'ont pas les moyens d'acheter le vaccin, elles vont pouvoir désormais l'obtenir gratuitement ».

Agwu Deborah, agent de santé communautaire dans un centre de santé familiale, à Abuja. Crédit photo : Ijeoma Ukazu
Agwu Deborah, agent de santé communautaire dans un centre de santé familiale, à Abuja.
Crédit: Ijeoma Ukazu

« Je suis ravie pour les parents et leurs bébés. Cela fait si longtemps que nous attendions une solution contre ce virus, et maintenant nous l’avons ici, au Nigéria », ajoute Deborah.

Khadijat Aminu, était présente au centre pour faire vacciner son quatrième enfant : « Ça ne me pose pas de problème que l’on fasse un vaccin supplémentaire à mon enfant », déclare-t-elle. « Je n’ai jamais vu d'effets indésirables graves avec les autres vaccinations de routine. Mes trois autres enfants qui sont plus grands, ils ont tous eu la diarrhée au moins une fois. J’arrive ici et j’apprends qu'il existe maintenant un vaccin contre la diarrhée ; alors je suis trop contente ! Vraiment, je suis très contente. »