Des agents communautaires de santé Batwa pour améliorer la vaccination dans cette communauté marginalisée

De nombreux membres de la communauté Batwa, qui représente entre 30 et 40 000 habitants au Burundi, ne se présentent pas aux structures de santé pour la vaccination de leurs enfants. Pour les toucher, il faut impérativement les impliquer parmi les agents communautaires de santé.

  • 21 mars 2023
  • 4 min de lecture
  • par Diane Ndonse
Une jeune mère Batwa et son enfant. Crédit : Diane Ndonse
Une jeune mère Batwa et son enfant. Crédit : Diane Ndonse
 

 

Les Batwa du Burundi figurent parmi les communautés les plus éloignées de la vaccination, selon les résultats d’une étude sur l’analyse d’équité dans la dispensation des services de vaccination réalisée en 2018 par le ministère de la Santé. La problématique s’observe dans presque toutes les provinces où cette enquête a été faite.

A Matana dans la province de Bururi, 104 ménages Batwa de la sous-colline Gikoma n’ont pas fait vacciner leurs enfants. Idem pour les Batwa des sous-collines Mugoboka, Murangara et Kavumu dans la province de Gitega. Le constat est le même pour les Batwa de la sous-colline Cibare dans la province de Muyinga. Selon les enquêtes, ils sont complexés de se présenter aux structures de santé.

« Les Batwa qui seront des ACS vont contribuer énormément à sensibiliser leur communauté et les résultats seront positifs », espère la députée Libérate Nicayenzi.

Les Batwa résidant en mairie de Bujumbura ne font pas exception. Nous nous sommes allés à la rencontre d’une communauté installée à un endroit communément appelé « Kugifurege » dans le quartier Bwiza. Il est tôt le matin quand nous débarquons sur le lieu. Les gens habitent dans des abris de fortunes, faits de vêtements déchirés, sans accès aux équipements d’hygiène de base et dans un confort des plus sommaires.

La pauvreté comme barrière

Dans cette communauté où la pauvreté est répandue, c’est ce dénuement, disent ces Batwa, qui est la principale raison les empêchent d’aller vers les centres de vaccination. Au Burundi, les Batwa mènent des vies difficiles. Ne disposant pas de vêtements en suffisamment bon état, les femmes expliquent qu'elles ne peuvent pas se présenter aux structures de santé pour faire vacciner leurs enfants. En outre, elles disent ne pas avoir le temps parce qu’elles sont toujours à la recherche de quoi se mettre sous la dent. Cette communauté vit au jour le jour, beaucoup ne pouvant compter que sur la mendicité.

Yvette Irakoze est une mère de deux enfants qui n’ont pas eu toutes leurs doses de vaccins. Préoccupée par le fait de subvenir aux besoins de sa famille, elle ne se souvient pas des dates de vaccination de ses enfants. « Nous menons une vie difficile. Nous devons prioriser la recherche du repas que nous manquons parfois », explique-t-elle. Elle révèle aussi le cas d’un enfant de 9 mois qui n'a bénéficié que d’une seule dose de vaccin. Sa mère est morte deux semaines après sa naissance. Sa vie est actuellement menacée.

« Avec de vieux habits déchirés, nous n’osons pas nous présenter devant le personnel soignant », insiste Christine Nyandwi, mère de trois enfants. Et d’ajouter : « Avec nos habitations, s'il pleut, le peu d'habits que nous avons sont mouillés et alors il devient impossible de se rendre aux structures de santé pour la vaccination de nos enfants. » Ces femmes Batwa affirment qu'il n'y a pas d’agents communautaires de santé qui pourraient sensibiliser leur communauté. S’il n’y a pas de campagne de vaccination, elle affirme que peu de femmes font vacciner leurs enfants. « Ils préfèrent aller quémander par rapport à la vaccination des enfants », fait savoir Salathiel Niyonzima, chef de cellule. Ils affirment que les promoteurs de santé ne viennent les sensibiliser que lors d’une campagne.

Toutes ces raisons sont confirmées par Libérate Nicayenzi, député Twa et présidente du comité des sages au sein de l’association « Unissons-nous pour la Promotion des Batwa ».

« Les résultats seront positifs »

En plus de s’appuyer sur les administratifs locaux et les leaders religieux dans la sensibilisation des groupes qui sont laissés pour compte dans la vaccination, les Batwa vont être intégrés parmi les agents communautaires de santé (ACS). C’est une recommandation qui ressort d’un atelier de mobilisation et d’engagement des organisations de la société civile sur la promotion des activités de vaccination de routine tenu fin janvier 2023, organisé par le Programme élargi de vaccination (PEV). « Les Batwa qui seront des ACS vont contribuer énormément à sensibiliser leur communauté et les résultats seront positifs », espère Libérate Nicayenzi.

Selon Dr Belle Louise Iriwacu, directrice adjointe du PEV, cette recommandation va s’ajouter à d’autres stratégies mises en place, notamment un cadre composé par des Techniciens de Promotion de la Santé (TPS) ainsi que des ACS qui animent différents modules sur la vaccination. L’autre recommandation est que les notions de vaccination soient inclues dans des réunions régulières des conseils de sécurité qui se tiennent régulièrement.

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