Que se passe-t-il si vous ne vous rétablissez pas à la suite de la COVID-19 ?

Au cours des premiers mois de la pandémie de COVID-19, les systèmes de santé publique se sont principalement attachés à éviter les hospitalisations et les décès. Pourtant, les effets persistants des infections par le SRAS-CoV-2 devraient tous nous inquiéter, même si nos premiers symptômes sont légers.

  • 26 septembre 2023
  • 6 min de lecture
  • par Linda Geddes
Même lorsque la pandémie sera déclarée comme étant terminée, la COVID-19 laissera planer une ombre sur la vie de nombreuses personnes. Crédit : Niklas Hamann sur Unsplash
Même lorsque la pandémie sera déclarée comme étant terminée, la COVID-19 laissera planer une ombre sur la vie de nombreuses personnes. Crédit : Niklas Hamann sur Unsplash
 

 

À ce jour, nombreuses sont les personnes à avoir été infectées au moins une fois par la COVID-19, et dans certains cas trois fois voire plus. Si vous avez de la chance, vous vous en sortirez relativement indemne, mais pour des centaines de millions de personnes dans le monde, la COVID-19 dure très longtemps.

Les symptômes de COVID long, ou des séquelles « post-aiguës » de la COVID-19/affection post COVID-19, comme on l’appelle officiellement, peuvent varier et avoir différentes causes sous-jacentes dont les mécanismes ne sont pas à ce jour totalement compris. Bien que certains groupes soient plus exposés, il est de plus en plus évident que n’importe qui peut développer des symptômes durables et que ceux-ci peuvent être invalidants.

Selon les estimations, dans la seule région européenne de l’OMS, plus de 17 millions de personnes ont été touchées par un épisode de COVID long au cours des deux premières années de la pandémie, et certaines d’entre elles vivent encore aujourd’hui avec des symptômes persistants.

Des données probantes de plus en plus nombreuses suggèrent également que la vaccination réduit le risque de COVID long, même si elle ne prévient pas la maladie de manière fiable.

Prévalence et facteurs de risque

L’estimation de la prévalence réelle de COVID long s’est avérée difficile en raison de la grande diversité des expériences vécues : certaines personnes présentent des symptômes multiples qui évoluent au fil du temps, tandis que d’autres n’ont qu’un seul problème qui persiste. La gravité et la durée des symptômes peuvent également être très variables. Progressivement, les experts sont parvenus à une définition plus claire de ce qu’est un épisode de COVID long, ce qui permet d’estimer plus facilement sa fréquence.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il s’agit de « la poursuite ou l’apparition de nouveaux symptômes trois mois après l’infection initiale par le SRAS-CoV-2, ces symptômes persistant pendant au moins deux mois sans autre explication ».

Sur la base de ces critères, l’OMS estime que 10 à 20 % environ des personnes peuvent ensuite développer des symptômes qui peuvent être diagnostiqués comme étant des formes de COVID long. Selon les estimations, dans la seule région européenne de l’OMS, plus de 17 millions de personnes ont été touchées par une forme de COVID long au cours des deux premières années de la pandémie, et certaines d’entre elles vivent encore aujourd’hui avec des symptômes persistants.

Sous-types de COVID long

La fatigue, l’essoufflement et le brouillard cérébral figurent parmi les symptômes les plus fréquemment signalés, bien que des personnes aient signalé environ 200 symptômes différents au total.

Il est toutefois intéressant de noter que certains de ces symptômes semblent se regrouper, ce qui incite certains chercheurs à suggérer qu’il pourrait y avoir différents sous-types de COVID long, potentiellement avec des causes sous-jacentes différentes.

Selon l’Étude ZOE sur la santé, qui a recueilli des données quotidiennes autodéclarées sur les symptômes, l’infection et le statut vaccinal des personnes au cours des trois dernières années, le groupe le plus important de personnes atteintes de COVID long signale des groupes de symptômes neurologiques tels que la fatigue, le brouillard cérébral, les maux de tête et une altération ou une perte de l’odorat. Toutefois, ces types de symptômes étaient plus fréquents chez les personnes infectées au cours des vagues des variants Alpha et Delta de la pandémie.

Un autre groupe a essentiellement présenté des symptômes respiratoires, notamment un essoufflement et des douleurs thoraciques, qui pourraient être associés à des lésions pulmonaires persistantes causées par l’infection. Ces symptômes étaient plus fréquents au début de la pandémie, avant que quiconque ne soit vacciné.

Le dernier groupe identifié est celui des personnes présentant une gamme variée de symptômes, notamment des palpitations cardiaques, des douleurs musculaires et des changements au niveau de la peau ou des cheveux.

Toutefois, cette étude a uniquement porté que sur les symptômes enregistrés en 2020 et 2021. L’équipe continue à analyser les données recueillies au cours de l’ère du variant Omicron, afin de déterminer si d’autres « groupes » sont apparus depuis.

Des chercheurs américains ont également identifié des groupes distincts de symptômes de COVID long, sur la base des dossiers médicaux de près de 35 000 patients américains, présentant certaines similitudes avec ceux identifiés par l’équipe Zoe.

Le premier groupe, qui représente environ 34 % des patients, est caractérisé par des problèmes cardiaques et rénaux et comprend une proportion relativement élevée de patients infectés au cours des premiers mois de la pandémie.

Le second, qui concerne environ 33 % des personnes, présente des difficultés respiratoires permanentes, ainsi que de l’anxiété, des problèmes de sommeil, des douleurs thoraciques et des maux de tête. Près de deux tiers des personnes présentant ce type de symptômes étaient des femmes.

Les problèmes musculo-squelettiques et nerveux dominent le troisième groupe, notamment des douleurs articulaires et musculaires, des maux de tête et des troubles du sommeil. Ce groupe représente environ 23 % des patients.

Le dernier sous-type se caractérise à la fois par des problèmes respiratoires et digestifs et représente environ 10 % des patients.

Causes possibles

Les recherches sur la cause sous-jacente de ces symptômes se poursuivent, mais quatre théories principales prédominent à l’heure actuelle. La première est la lésion résiduelle d’un organe ou d’un tissu. Par exemple, les scanners corporels ont permis d’identifier de minuscules caillots sanguins et des cicatrices pulmonaires chez certains patients ayant guéri de la COVID-19, susceptibles d’être à l’origine de certains de leurs problèmes respiratoires, cardiaques ou circulatoires persistants.

Un système immunitaire hyperactif est une autre possibilité. Plusieurs équipes de recherche ont identifié des auto-anticorps – des anticorps dirigés contre les propres tissus de l’organisme – chez certains groupes de patients atteints de COVID long.

Une autre théorie veut que des petites poches du virus actif de SARS-CoV-2 continuent à être présentes des petites poches du virus actif de SRAS-CoV-2 continuent à être présentes dans l’organisme et à déclencher des réponses immunitaires, même si les résultats des tests PCR standard ne sont plus positifs. Diverses études ont identifié une activité immunitaire anormale chez les patients présentant des symptômes persistants de COVID-19 jusqu’à huit mois après avoir été initialement testés positifs à l’infection. D’autres ont détecté des protéines Spike virales dans le sang de patients atteint de COVID long plusieurs mois après leur guérison. Les réservoirs viraux dans l’intestin sont un candidat potentiel, car du matériel génétique du SARS-CoV-2 y a été détecté, parfois plusieurs mois après l’infection initiale.

Il est tout à fait possible que plusieurs de ces facteurs soient impliqués dans une certaine mesure chez certains individus. Par exemple, les lésions dues à la cicatrisation des poumons et des vaisseaux sanguins à la suite de la COVID-19 peuvent être aggravées par l’activité continue du système immunitaire.

Enfin, certaines études ont révélé que les symptômes de COVID long ne sont pas toujours dus à une infection antérieure par la COVID-19. Par exemple, une étude réalisée en France a révélé que la conviction d’une personne d’avoir contracté la COVID-19 « était associée à la plupart des symptômes physiques persistants, alors que l’infection de COVID-19 confirmée en laboratoire était uniquement associée à [une diminution de l’odorat] .» Les différents groupes de symptômes de COVID long ressemblent tous aux symptômes d’autres maladies, de sorte que les symptômes de certains patients atteints de COVID long peuvent être le résultat de problèmes médicaux qui ne dépendent pas d’une infection antérieure par la COVID-19.

Cela ne signifie pas que leurs symptômes doivent être ignorés ou que les formes de COVID long n’existent pas, mais cela souligne l’importance d’un examen minutieux et de tests diagnostiques pour les patients atteints de COVID long afin de veiller à ce qu’ils reçoivent les soins les plus appropriés.

Les recherches sur les formes de COVID long se poursuivent, mais une chose est sûre : même lorsque la pandémie sera déclarée comme étant terminée, la COVID-19 laissera planer une ombre sur la vie de nombreuses personnes.