On a parlé vaccin avec... Hermeline Charles, responsable de vaccination dans un hôpital rural en Haïti

Cet été, VaccinesWork publie une série d'entretiens sur les vaccins et les maladies infectieuses avec des leaders communautaires, travailleurs de santé, experts et personnalités, pour montrer la diversité des talents et bonnes volontés dont on a besoin pour améliorer la santé des populations. Dans cet entretien, Laura Louis a interrogé Hermeline Charles, une infirmière de 32 ans, responsable du centre de vaccination à l’hôpital Bellevue La Montagne en Haïti depuis 2019.

  • 18 août 2022
  • 4 min de lecture
  • par Laura Louis
Hermeline Charles, responsable de vaccination à l'hôpital Bellevue La Montagne. Crédit : Laura Louis
Hermeline Charles, responsable de vaccination à l'hôpital Bellevue La Montagne. Crédit : Laura Louis
 

 

L’hôpital Bellevue La Montagne est l’unique centre hospitalier de la quatrième section communale de Bellevue La Montagne, situé dans une localité montagneuse appelée Loiseau à la commune Pétion-Ville. Cette localité est privée d’un ensemble de services de base comme l’eau potable, l’électricité et l’assainissement. Les habitants qui vivent dans les régions rurales comme Loiseau doivent généralement se rendre en ville pour se faire soigner. Il n’y a aucune statistique sur la population de Loiseau.

L’hôpital communautaire Bellevue La Montagne a été inauguré en 2018 pour accompagner la population en besoin. Laura Louis a rencontré Hermeline Charles, une infirmière de 32 ans, responsable du centre de vaccination à l’hôpital depuis 2019.

Pourquoi est-il important de vacciner les enfants ?

Les vaccins protègent contre des maladies infectieuses et renforcent le système immunitaire de l’enfant. Après sa naissance, un enfant doit obligatoirement recevoir les doses de vaccins fixés dans le calendrier national du ministère haïtien de la santé publique et de la population. Ces vaccins sont disponibles gratuitement dans les hôpitaux et les centres de santé. Le vaccin antituberculeux (BCG) par exemple est un vaccin administré aux nouveau-nés pour les protéger contre la tuberculose. C’est le germe de la maladie qui est injecté dans l’organisme de l’enfant et qui l’immunise.

« Il y avait des enfants âgés de plus de 4 ans qui n’avaient jamais été vaccinés. Quand de telles circonstances se présentent, nous ne pouvons pas revenir en arrière, c’est-à-dire administrer à l’enfant tous les vaccins qu’il a raté depuis la naissance. »

D’autres vaccins contre la poliomyélite, la diphtérie sont aussi obligatoires.

Il y en a d’autres qui ne sont pas obligatoires mais recommandés, c’est-à-dire que même si le ministère ne les subventionne pas, il est souhaitable que les enfants puissent en bénéficier. Les parents qui ont les moyens peuvent acheter ces vaccins pour leurs enfants. C’est le cas du pentavalent par exemple.

Comment procédez-vous pour disposer des vaccins ? Rencontrez-vous des difficultés pour vous approvisionner ?

Presque toutes les deux semaines, nous recevons des vaccins du ministère haïtien de la santé. Nous faisons la demande auprès du ministère avant même que nos stocks soient rompus. Notre plus grande difficulté est dans le fait que nous ne recevons pas toujours à temps les vaccins. Nous nous retrouvons parfois dans des circonstances où l’on demande à des parents de patienter. Mais une fois que nous disposons de ces vaccins, les parents savent qu’ils peuvent venir nous voir en toute quiétude.

Vous dites avoir commencé en 2019, savez-vous comment les parents vaccinaient leurs enfants autrefois ?

Avant l’implantation de l’hôpital dans la zone, les parents nous informent que des agents de santé du ministère haïtien à la santé publique passaient vacciner les nouveaux-nés et d’autres enfants de la communauté. Mais depuis quelques temps, les agents de santé ne venaient plus. On n’en connait pas les raisons. Des parents qui ont les moyens pour se déplacer se rendaient dans des hôpitaux à Pétion-Ville qui est le centre-ville. D’autres gardaient les enfants à la maison sans se faire vacciner.

L’ouverture de cet hôpital a été une aubaine pour beaucoup d’entre eux. Nous n’avons jamais rencontré de parents qui s’opposent à la vaccination de leurs enfants, ils sont au contraire très enthousiastes.

Vous arrive-t-il de trouver des enfants d’âge avancé qui ne prennent pas tous les vaccins obligatoires ?

En 2019 quand nous avons lancé le centre de vaccination, il y avait des enfants âgés de plus de 4 ans qui n’avaient jamais été vaccinés. Quand de telles circonstances se présentent, nous ne pouvons pas revenir en arrière, c’est-à-dire administrer à l’enfant tous les vaccins qu’il a raté depuis la naissance. Toutefois, nous pouvons continuer le calendrier de vaccination, lui donner des doses de rappel.