Le financement insuffisant de la santé des femmes : Une opportunité majeure négligée dans le domaine de la santé

Les femmes ont traditionnellement été négligées dans la recherche médicale et les maladies qui affectent les femmes sont chroniquement sous-étudiées. La bonne nouvelle est que même une petite augmentation du financement est très utile.

  • 25 mai 2023
  • 3 min de lecture
  • par Priya Joi
Crédit : Mathieu Stern sur Unsplash
Crédit : Mathieu Stern sur Unsplash
 

 

La recherche sur la santé des femmes est extrêmement sous-financée par rapport aux dépenses consacrées aux affections qui touches les hommes, selon une nouvelle analyse des données des Institut nationaux de santé des États-Unis.

Bien que cela ne surprenne pas les chercheurs en santé des femmes, qui réclament plus de financement depuis des années, les données publiées dans Nature démontrent à quel point les affections touchant des femmes sont extraordinairement négligées.

"Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès chez les femmes aux États-Unis, mais seulement un tiers environ des participants aux essais cliniques de nouveaux traitements des maladies cardiovasculaires sont des femmes."

– Chloe Bird, professeure d'analyse des politiques à la Pardee RAND Graduate School

Cela montre également à quel point il est possible d'avoir un impact positif sur la santé des femmes. Même une petite augmentation du financement générerait un énorme retour sur investissement. Lorsque les maladies sont classées selon qu'elles représentent un fardeau plus ou moins lourd, les troubles qui affectent de manière disproportionnée les femmes – la migraine, les maux de tête, l'endométriose et les troubles anxieux, par exemple – sont en tête ou presque en tête.

Lorsqu'on refait le classement en fonction du financement, ces conditions sont pour la plupart repoussées au bout de la file d'attente, derrière des problèmes tels que le VIH/SIDA et la toxicomanie, qui affectent de manière disproportionnée les hommes.

La recherche examine également le rapport entre la charge et le financement. Pour le syndrome de fatigue chronique ou l'encéphalomyélite myalgique (EM/SFC), qui touche principalement les femmes, le rapport est de 0,04. Pour le VIH/SIDA, en comparaison, qui touche plus les hommes que les femmes, le rapport est de 15,6.

Historiquement, les femmes ont été négligées dans une grande partie de la recherche médicale et ont été sous-représentées dans les essais cliniques. Chloe Bird, professeure d'analyse des politiques à la Pardee RAND Graduate School, explique que "les maladies cardiovasculaires, par exemple, sont la première cause de décès chez les femmes aux États-Unis, mais seulement un tiers environ des participants aux essais cliniques de nouveaux traitements des maladies cardiovasculaires sont des femmes."

Les femmes de couleur sont encore moins visibles dans les essais cliniques. Par exemple, dans une publication de 2015 sur les essais mondiaux de médicaments cardiovasculaires, seulement 3,2 % des femmes étaient noires.

Cependant, même la plus petite augmentation du financement peut mener à une augmentation significative du retour sur investissement, explique Bird. Une étude collaborative en 2021 entre RAND et Women's Health Access Matters, supervisée par Bird, a mené une série de simulations sur le retour sur investissement si le budget des Instituts nationaux de santé pour les études évaluant la santé des femmes était doublé.

Doubler le budget des Instituts nationaux de santé pour la recherche sur les maladies coronariennes chez les femmes, par rapport aux 20 millions de dollars actuels, pourrait signifier un retour sur investissement stupéfiant de 9 500 %. La recherche sur la polyarthrite rhumatoïde chez les femmes ne reçoit que 6 millions de dollars US par an, alors que doubler ce budget offrirait un retour sur investissement de 174 000 %.

Les résultats sont saisissants. Doubler le budget des Instituts nationaux de santé pour la recherche sur les maladies coronariennes chez les femmes, par rapport aux 20 millions de dollars actuels, pourrait signifier un retour sur investissement stupéfiant de 9 500 %. La recherche sur la polyarthrite rhumatoïde chez les femmes ne reçoit que 6 millions de dollars US par an, alors que doubler ce budget offrirait un retour sur investissement de 174 000 %.

Bien que ces chiffres soient centrés sur les États-Unis, le modèle de faible investissement dans la santé des femmes et la possibilité de voir des avantages massifs grâce à un financement accru concernent le monde entier.

En fin de compte, les chercheurs ont tendance à aller là où se trouve l'argent, et les bailleurs de fonds doivent augmenter ce qui est disponible pour les problèmes de santé actuellement négligés. Comme l'a dit la neuroscientifique Liisa Galea, du Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, au Canada, à Nature : "Si vous mettez un pot d'or au bout d'un arc-en-ciel de financement, les chercheurs vont y aller."