Clarise Loe Loumou

Dr. Clarisse Loe Loumou, pédiatre, et membre du Comité de Pilotage de l’Assemblée des organisations de la société civile (OSC) partenaires de GAVI Alliance.

Mardi
27 Sept
2011

Je me souviens de mes années d'exercice dans le service de pédiatrie le plus grand du Cameroun, à Yaoundé, avec 300 lits, rarement vides. J'étais alors en charge du service de gastro enterologie et nutrition pédiatrique, 28 lits occupés à plus de 90% par des nourrissons, déshydratés, souffrant de diarrhées aigües.

Notre problème n'était pas tant la diarrhée en soi, dont les protocoles de prise en charge sont parfaitement connus (sels de réhydratation orale, renutrition adéquate, supplémentation en zinc, fluidothérapie intraveineuse pour les cas les plus graves, etc.), que la possibilité réelle d'intervenir; en effet, il était et il est toujours fréquent que ces enfants décèdent, faute pour les parents de pouvoir fournir le soluté à perfuser pour lever l'urgence, ou encore le sachet de réhydratation orale et l'eau potable nécessaires...ou faute de pouvoir accéder à temps à l’hôpital.

Le rotavirus est la principale cause de diarrhées sévères chez les enfants de moins de cinq ans dans le monde, tuant plus d'un demi-million d'enfants chaque année et responsable de millions d’hospitalisations. Près de 50%, soit 230 000 de ces décès dus au rotavirus se produisent en Afrique. Dans le monde, le rotavirus est l’origine de plus d'un tiers des 1,34 millions décès dus à la diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans, et de 40% des 9 millions d’hospitalisations pour cause de diarrhées. En Afrique, le pourcentage des hospitalisations liées au rotavirus est supérieur à 41%. Peu de gens le savent, mais la diarrhée constitue la principale cause de mortalité infantile en Afrique. C’est la troisième cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans au Cameroun, où 30% des enfants soufrent du rotavirus...

C'est dire la part de responsabilité du rotavirus dans les décès, injustes, de ces millions de bébés. C'est également traduire mon grand espoir devant la possibilité de mettre à disposition le vaccin contre le rotavirus, qui permettra non seulement d'éviter des centaines de milliers de morts, mais également de participer à la lutte contre la pauvreté.

Il faut en effet se représenter le coût d'une hospitalisation, qui comporte des frais incompressibles, sans garantie de résultat, puisque les parents ne seront pas en mesure de fournir tous les médicaments. On rentre alors dans un cercle vicieux diarrhée mal soignée-malnutrition-dépression immunitaire- ré infection- diarrhée. La prévention par la vaccination reste le moyen le plus efficace pour se prémunir contre les infections sévères liées au rotavirus, à l’origine de déshydratation, souvent fatale, causée par la diarrhée.

Je me réjouis pour mon pays, le Cameroun, qui, en juillet 2011, et avec le soutien de GAVI Alliance, a introduit le vaccin contre le pneumocoque (l’une des principales causes de pneumonie), et qui prévoit d’introduire le vaccin contre le rotavirus en 2013. Rien de cela ne serait possible sans la volonté politique et la contribution active des pays bailleurs de fonds et des donateurs, mais aussi grâce au gouvernement du Cameroun et à son PEV qui a rendu le contexte favorable à l'introduction de ce nouveau vaccin.

Nos enfants vont enfin être protégés contre les deux plus grandes causes de mortalité des moins de 5 ans dans le monde, et parmi les plus meurtrières au Cameroun: la pneumonie et la diarrhée. Mais d'ici à 2013, encore combien de morts injustes? Nous attendons avec impatience l’introduction de ce nouveau vaccin.

 

Clarise Loe Loumou

Dr. Clarisse Loe Loumou, pédiatre, et membre du Comité de Pilotage de l’Assemblée des organisations de la société civile (OSC) partenaires de GAVI Alliance.

Mardi
27 Sept
2011

Je me souviens de mes années d'exercice dans le service de pédiatrie le plus grand du Cameroun, à Yaoundé, avec 300 lits, rarement vides. J'étais alors en charge du service de gastro enterologie et nutrition pédiatrique, 28 lits occupés à plus de 90% par des nourrissons, déshydratés, souffrant de diarrhées aigües.

Notre problème n'était pas tant la diarrhée en soi, dont les protocoles de prise en charge sont parfaitement connus (sels de réhydratation orale, renutrition adéquate, supplémentation en zinc, fluidothérapie intraveineuse pour les cas les plus graves, etc.), que la possibilité réelle d'intervenir; en effet, il était et il est toujours fréquent que ces enfants décèdent, faute pour les parents de pouvoir fournir le soluté à perfuser pour lever l'urgence, ou encore le sachet de réhydratation orale et l'eau potable nécessaires...ou faute de pouvoir accéder à temps à l’hôpital.

Le rotavirus est la principale cause de diarrhées sévères chez les enfants de moins de cinq ans dans le monde, tuant plus d'un demi-million d'enfants chaque année et responsable de millions d’hospitalisations. Près de 50%, soit 230 000 de ces décès dus au rotavirus se produisent en Afrique. Dans le monde, le rotavirus est l’origine de plus d'un tiers des 1,34 millions décès dus à la diarrhée chez les enfants de moins de cinq ans, et de 40% des 9 millions d’hospitalisations pour cause de diarrhées. En Afrique, le pourcentage des hospitalisations liées au rotavirus est supérieur à 41%. Peu de gens le savent, mais la diarrhée constitue la principale cause de mortalité infantile en Afrique. C’est la troisième cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans au Cameroun, où 30% des enfants soufrent du rotavirus...

C'est dire la part de responsabilité du rotavirus dans les décès, injustes, de ces millions de bébés. C'est également traduire mon grand espoir devant la possibilité de mettre à disposition le vaccin contre le rotavirus, qui permettra non seulement d'éviter des centaines de milliers de morts, mais également de participer à la lutte contre la pauvreté.

Il faut en effet se représenter le coût d'une hospitalisation, qui comporte des frais incompressibles, sans garantie de résultat, puisque les parents ne seront pas en mesure de fournir tous les médicaments. On rentre alors dans un cercle vicieux diarrhée mal soignée-malnutrition-dépression immunitaire- ré infection- diarrhée. La prévention par la vaccination reste le moyen le plus efficace pour se prémunir contre les infections sévères liées au rotavirus, à l’origine de déshydratation, souvent fatale, causée par la diarrhée.

Je me réjouis pour mon pays, le Cameroun, qui, en juillet 2011, et avec le soutien de GAVI Alliance, a introduit le vaccin contre le pneumocoque (l’une des principales causes de pneumonie), et qui prévoit d’introduire le vaccin contre le rotavirus en 2013. Rien de cela ne serait possible sans la volonté politique et la contribution active des pays bailleurs de fonds et des donateurs, mais aussi grâce au gouvernement du Cameroun et à son PEV qui a rendu le contexte favorable à l'introduction de ce nouveau vaccin.

Nos enfants vont enfin être protégés contre les deux plus grandes causes de mortalité des moins de 5 ans dans le monde, et parmi les plus meurtrières au Cameroun: la pneumonie et la diarrhée. Mais d'ici à 2013, encore combien de morts injustes? Nous attendons avec impatience l’introduction de ce nouveau vaccin.

 

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