A Brazzaville, sensibiliser les jeunes pour combattre les maladies infectieuses

Les jeunes fréquentent trop peu les services de santé appropriés, que ce soit pour le VIH, la tuberculose, ou encore toute autre maladie infectieuse, et ne maîtrisent pas grand-chose sur ces maladies.

  • 7 juillet 2022
  • 5 min de lecture
  • par Rosie Pioth
Elwin Gomo, membre du Réseau des Organisations des Jeunes Africains Leaders des Nations Unies (ROJALNU). Crédit : Rosie Pioth
Elwin Gomo, membre du Réseau des Organisations des Jeunes Africains Leaders des Nations Unies (ROJALNU). Crédit : Rosie Pioth
 

 

Depuis plusieurs années, le taux de séropositivité au VIH et à la tuberculose est en nette augmentation en République du Congo, et c’est la population jeune qui en paie le lourd tribut. Les données du ministère de la santé et de la population montrent que les nouvelles infections au VIH/Sida sont dominantes en milieu juvénile avec une augmentation considérable depuis 2012.

Pour inverser cette tendance, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), en collaboration avec plusieurs plateformes des jeunes, a organisé durant le mois de juin dernier une campagne de proximité axée sur la lutte contre le VIH/Sida et la tuberculose.

Objectif : promouvoir les services de santé chez les jeunes, en leur apportant directement les informations.

Implication des jeunes pour les jeunes

Elwin Gomo est membre du Réseau des Organisations des Jeunes Africains Leaders des Nations Unies (ROJALNU) au Congo, l’une des organisations de jeunesse qui a travaillé sur cette campagne. Selon lui, son implication personnelle a trouvé tout son sens à cause de la cible : les jeunes.

Ce matin, accompagné d’un autre leader de jeunesse, il arpente les rues de Diata, un quartier situé au sud de Brazzaville dans le cadre de cette campagne.

« Nous sensibilisons sur d’autres maladies et les moyens préventifs tels qu’avoir un environnement sain pour le cas du paludisme par exemple »

« Nous abordons plusieurs catégories de jeunes, notamment les élèves, les travailleurs, les diplômés sans emploi, etc… et les messages que nous véhiculons passent de la définition des concepts, la reconnaissance des symptômes, ou encore de l’importance et les procédures du dépistage, les traitements, les moyens de prévention et de prise en charge. Nous donnons aussi des arguments en cas de résistance de son partenaire à l’utilisation des services VIH/Tuberculose », explique-t-il.

Pour Elwin, cette campagne est en lien avec l’engagement de son organisation, qui œuvre dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).

Rosie Pioth
Elwin, accompagné d'un autre leader de jeunesse, dans les rues de Diata, un quartier situé au sud de Brazzaville.
Crédit : Rosie Pioth

« Cette campagne est une réponse à l’ODD 3 qui prône la bonne santé et le bien-être. D’habitude, ce sont nos hôpitaux qui sont limités dans leur capacité de prise en charge. Curieusement, dans le cadre de ces maladies, les services sont disponibles et accusent une rareté des demandeurs, en particulier les jeunes », explique Elwin.

Elwin affirme par ailleurs que dans le cadre des activités de terrain menées par son organisation en dehors de cette campagne, le ROJALNU sensibilise également sur plusieurs autres maladies infectieuses existantes en République du Congo.

« Nous sensibilisons sur d’autres maladies et les moyens préventifs tels qu’avoir un environnement sain pour le cas du paludisme par exemple », déclare-t-il.

Atteindre un maximum des jeunes et inverser la tendance

Dr Achille Lanzy est chargé des Programmes VIH et Jeunes à l’UNFPA Congo.

« Plus du tiers des nouvelles infections sont chez la population jeune. Et les données montrent que très peu des jeunes fréquentent les centres de santé ou autres structures non gouvernementales qui mettent en place des services de VIH. Voilà pourquoi nous avons pensé qu’avec l’implication des plateformes des jeunes de Brazzaville, nous pourrons atteindre un maximum de jeunes, afin de les sensibiliser et leur donner des informations sur les avantages d’utiliser ces services. Ce qui va contribuer à l’augmentation de l’utilisation des services appropriés par les jeunes de 15 à 24 », déclare-t-il.

Claude Emmanuelle Nzickou est une jeune femme volontaire à l’Association congolaise pour le bien-être familial (ACBEF). Grâce à des actions tournées vers le bien-être, l’ACBEF sensibilise les populations sur divers sujets.

« Nous utilisons des crieurs que nous plaçons dans une zone précise. Ce crieur passe deux fois la journée, le matin et le soir. »

« L’ACBEF organise des sessions de sensibilisation et des journées portes ouvertes à son siège axées sur diverses maladies, afin de changer les perceptions sur certaines maladies. Nous sensibilisons sur tout ce qui touche à la santé de l’être humain en général, et à la santé de la reproduction en particulier. », déclare-t-elle.

« Par ailleurs, il nous arrive aussi de parler de l’importance de la vaccination aux populations, mais surtout aux femmes enceintes afin de les amener à comprendre la nécessité de mettre à l’abri la santé de l’enfant à naître », ajoute-t-elle.

Les crieurs font partie de la stratégie de sensibilisation

Malalou Sonia est chef du Centre de santé intégré de Kibouende, situé dans l’enceinte du district sanitaire de Mfilou Ngamaba, dans la périphérie de Brazzaville. La sensibilisation aux diverses maladies infectieuses, ainsi que le rappel de vaccination des enfants se fait fréquemment.

« Nous utilisons des crieurs que nous plaçons dans une zone précise. Ce crieur passe deux fois la journée, le matin et le soir. Nous sensibilisons sur le paludisme par exemple, sur le dépistage et la gratuité du traitement. Pour ce qui est de la vaccination, c’est fréquent car en tant que centre de santé intégré, nous nous chargeons aussi de vacciner les enfants », explique-t-elle. Un modèle de sensibilisation appréciée par les habitants de ce quartier.

Mme Itoua (nom modifié sur demande de la personne interviewée) est l’une des bénéficiaires des services de ce centre. Mère d’une fillette âgée de 4 mois, elle vient souvent pour écouter divers conseils de santé pour son enfant.

« Je viens ici car les conseils que l’on donne m’aident dans le suivi de la croissance de mon bébé. La vaccination est aussi importante pour prévenir l’enfant de plusieurs maladies. Quand on ne fait pas vacciner son enfant, il y a des conséquences comme la poliomyélite. Bref, la vaccination est vraiment nécessaire », conclut-elle.